Fin du siècle dernier. Quelques jours avant l’an 2000. Une poignée d’hommes et de femmes dans des vies plus qu’étroites, liés entre eux parce qu’ils semblent appartenir à la même famille. Célibataire solitaire et névrosée, vieillard revenu de tout, couple qui dérive dans l’ennui, Jonas Gardell a conçu un cocktail forcément explosif et effrayant, aux limites du poncif. Mais la frontière n’est pas franchie, heureusement. Les détresses qui habitent ce roman sont toutes rendues avec beaucoup de vérité car l’auteur suédois dissèque le quotidien de ses personnages sans oublier aucun détail, s’attachant à chaque objet du quotidien. Dans un lotissement, la nuit, à propos du radio-réveil posé sur le chevet : « Le temps ne fait plus tic tac et ne carillonne plus. C’est une créature muette et perverse, elle reste dans l’expectative à l’intérieur des appareils. Le temps envoie des lueurs vertes et froides, comme un poltergeist patient qui attend, ses yeux brillent à travers les fentes de l’afficheur digital. »
Gardell a choisi de traiter les clichés potentiels par la surenchère, en y insufflant aussi d’indispensables doses d’humour noir. Le résultat est ce texte désespéré et acide sur une société malade de la consommation. Paru initialement chez Gaïa, Et un jour de plus décrit avec beaucoup de justesse notre modernité où « Tout est calme. Tout est lavable. » On en sort effrayé.
Et un jour de plus de Jonas Gardell
Traduit du suédois par Christophe Valens
10/18, 192 pages, 6,90 €
Poches Barreaux du quotidien
juin 2004 | Le Matricule des Anges n°54
| par
Benoît Broyart
Un livre
Barreaux du quotidien
Par
Benoît Broyart
Le Matricule des Anges n°54
, juin 2004.