Françoise Pillet et Joël da Silva ont correspondu pendant plus d’un an, inventant les personnages d’Angèle Perduro, une jeune fille de 11 ans habitant Paris, et Émile Godbout-Dodds, surnommé par ses copains God, vivant à Montréal. Les deux enfants vont s’écrire tout au long de l’année scolaire. Cette pièce se compose donc de douze lettres et huit cartes postales, treize fax, onze courriels et un coup de téléphone.
L’ensemble regorge de fantaisie et d’humour, du plaisir des mots échangés. Il y a des cartes postales de secours très sérieuses qui sentent l’exposé de géographie pour contenter l’exigence de connaissances des maîtresses et professeurs, des lettres en forme de boulettes de papier, d’autres avec enregistrements sonores sur cassette, des récits d’horreurs ou de gourmandises.
Et surtout le plaisir de retranscrire sa vie en mélangeant allégrement la réalité et l’imaginaire, ou comment se dévoiler en racontant des histoires, pas toujours très réelles. La relation entre les deux enfants s’intensifie, les lettres vont être des moments très attendus, une histoire d’amitié amoureuse naît, avec ses éclats de rire, mais aussi ses colères ou ses désarrois. Comme cet unique coup de téléphone qui se termine par un raccrochage intempestif, les deux enfants ne parvenant à rien se dire, après s’être tellement écrits. La confrontation à l’écriture de l’autre n’est en rien anodine, cela ressemble à l’histoire de cette pièce, écrite à quatre mains, une manière selon Joël da Silva « d’élargir sa plume ». Cette correspondance constitue un joli matériau sonore et ludique à explorer.
Émile et Angèle, correspondance de Francoise Pillet et Joël da Silva, Théâtrales jeunesse, 64 pages, 7 €
Théâtre Fantaisie épistolaire
janvier 2006 | Le Matricule des Anges n°69
| par
Laurence Cazaux
Fantaisie épistolaire
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°69
, janvier 2006.