Si Les Histrions ne forme pour l’instant qu’un détail, c’est que Marion Aubert a pour projet de poursuivre l’écriture de cette œuvre jusqu’en 2076 environ, histoire de voir ses personnages « grandir, mûrir, s’embellir puis complètement se délabrer jusqu’à mourir et rejoindre la lune ». Même avec ce simple « détail », Les Histrions forment déjà un projet démesuré. Le rêve d’un spectacle fou en permanence inachevé, un spectacle où tous les « on dirait que » seraient possibles, une tentative de raconter une histoire de l’humanité revisitée façon carnaval, théâtre de tréteau, mode bouffon, conte ou fulgurance poétique. Bref un drôle de bric-à-brac, un mélange plutôt explosif. Avec plus d’une soixantaine de personnages, de l’Homme pratique, sorte de Monsieur Loyal, à la troupe des Histrions, à la vieille du premier rang que le théâtre insupporte, à la femme des origines, aux algues bleues ou l’homme né d’une boule de Noël… Un bazar indescriptible et joyeux. Un monde assez proche de l’enfance, avec un côté très provocateur et un art de la rupture parfois déconcertant. Marion Aubert dit aimer les écritures charnelles et jubilatoires, comme celle de Rabelais, c’est sûr sa démesure fait plaisir à découvrir. L’auteur veut nous emmener vers le soleil, rien moins que cela. Alors si on ne sait plus trop sur quel météorite on est posé, on accepte de se perdre dans les méandres de ce rêve fou.
Les Trublions est plus écrit comme un conte farcesque sans queue ni tête, qui se passe au royaume de la reine molle. La pièce se déroule à toute vitesse, comme pour chasser l’ennui de la reine. Une mascarade proche parfois de la pirouette.
* Les Histrions (détail) a été créé le 6 janvier 2006 à Montpellier dans une mise en scène de Richard Mitou. Le spectacle sera en tournée à la Manufacture de Nancy du 23 au 31 mars.
Les Histrions (détail) (suivi de) Les Trublions de Marion Aubert Actes Sud-Papiers, 128 p., 17,50 €
Théâtre Démesure d’un rêve
mars 2006 | Le Matricule des Anges n°71
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Démesure d’un rêve
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°71
, mars 2006.