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Entendu à la radio Encore un peu d’été

septembre 2006 | Le Matricule des Anges n°76 | par Antoine Emaz

Yvon Le Men chez Jean Lebrun. Heureux d’entendre un poète dans cette émission du soir. Pas convaincu par le haïku, mais j’aime bien ce qu’il dit sur enracinement et ouverture, sur son expérience. J’imagine facilement que faire la manche en disant des poèmes n’est pas chose aisée, sauf à délibérément viser l’obole pour dégager et laisser seule la dame qui mange son homard : « Qu’est-ce que c’est que ce type qui parle tout seul ? » Un beau dire en direct sur les lumières de Bretagne, la terre qui finit et la mer qui commence. Sa façon de travailler sans filet sur des expériences profondes. C’est d’autant plus délicat que la pente de l’émission doit le ramener sur le régionalisme, le breton, etc. Il s’en sort bien ; la question de l’engagement intelligent n’est décidément pas chose facile.

Archives : Louis de Broglie parle de ses travaux dans les années 1920. Ce ne sont pas ses méditations sur la physique qui m’arrêtent, je n’y comprends rien, mais son phrasé. De même pour la journaliste qui mène l’entretien : on entend le temps dans la langue. Cela m’interroge, sans regret, car il me semble impossible de parler ainsi, maintenant, à un micro. Ce n’est pas une question de « belle langue », mais plutôt celle d’une technique perdue de nage dans le langage, une énergie fossile. J’entends le dépliement de toge et le corseté quasi militaire de la phrase. Il y a une vraie beauté sonore dans ce drapé, une élégance classique, une tenue. Il me manque seulement le XXe siècle.

Pianiste de jazz. Le nom a bien sûr été annoncé, mais je ne l’ai pas noté. Par contre, au cours de ce très long morceau, j’ai vraiment eu l’impression de comprendre ce que Jean-Patrice Courtois voulait me dire en parlant de « grammaire », et ce que Bruno Krebs visait dans son Bill Evans Live. Cette intensité d’émotion est étrange : comme d’aller brusquement très loin intellectuellement/affectivement/sensuellement… sans rien pouvoir rapporter du trajet fait.

Émission Les matins à propos du rapport parlementaire sur le réchauffement climatique. Le président est PS, le rapporteur est UMP, et le rapport final a été voté à l’unanimité. Pour une fois, c’est encourageant face à une menace collective. Reste que s’il y a accord sur le diagnostic, les clivages renaissent immédiatement dès qu’il s’agit de mesures à prendre. Dommage, vu l’urgence. C’est bien de reconnaître qu’il va y avoir à moyen terme une catastrophe planétaire si l’on ne fait rien ; ce serait mieux de faire quelque chose.

Juillet, c’est le mois des adieux. Hier, ceux de Nicolas Demorand, dans Les matins, remplacé par Ali Badou à la rentrée. Ce matin, adieux d’Élisabeth Lévy, dans Le premier pouvoir. Toujours quelque chose d’un peu théâtral dans ces moments de séparation d’une équipe qui travaille depuis des mois. L’auditeur comprend mal la nécessité impérieuse du changement de la « grille » ; il n’est jamais clairement expliqué. De la même façon, on ne nous demande jamais notre avis alors que la chaîne se veut toujours plus « proche » des auditeurs, plus « interactive ». Or une familiarité se crée avec des émissions, des présentateurs, des tons, des thèmes… Le premier pouvoir, dans sa volonté de réflexion critique sur les médias, avait une fonction de poil-à-gratter tout à fait bénéfique et originale. Et je ne critiquerai pas la présentatrice pour son caractère entier ou ses emportements occasionnels. J’aime que la radio nous donne à entendre des points de vue, des conflits, de la complexité… Que le présentateur ne soit pas seulement modérateur, mais actif dans le débat, éventuellement provocant, ne me gêne pas du tout. La suppression de l’émission m’attriste, et je ne peux m’empêcher de voir là comme une sanction pour avoir mis en question dans ses méthodes et ses enjeux le petit monde des médias. Pourtant il me semble essentiel de mieux comprendre d’où vient l’info, par où elle transite, sous quelles contraintes, comment elle est traitée et pourquoi. Simple amélioration de ma capacité de réception. On devrait être sensible à cela, à la radio. Dommage.

Très bonne émission de la Rumeur du monde sur les conflits du Proche-Orient. Très bonne émission parce que les savants-experts-spécialistes concluent humblement sur l’inextricable complexité actuelle du problème, après avoir isolé (tous ?) les fils du nœud. Voilà bien la clarté et la modestie qui manquent dans l’info immédiate : sans distance, elle a une tendance lourde à pencher du côté du sensationnel et du pathétique, en faisant l’économie d’un effort réflexif sur le fond, autant que d’un débat.

L’été, avoir le temps. Cette longue série sur Mauriac ne va pourtant pas m’amener à reprendre ses romans, lus lorsque j’étais un adolescent omnipapivore. Maintenant, le romancier me semble vieilli, vieillot, tout comme Sagan, Cronin, Green… L’éternité va vite. Ce n’est pas un jugement, juste un désir qui manque de retourner. Mais ces émissions font naître un intérêt pour l’écrivain, son énergie, sa volonté, ses combats politiques, sa lucidité… Toutes choses auxquelles il est bon de rendre justice dans une époque qui confond trop succès et stature.

Encore un peu d’été Par Antoine Emaz
Le Matricule des Anges n°76 , septembre 2006.
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