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Avec la langue L’attaque des choux

octobre 2006 | Le Matricule des Anges n°77 | par Gilles Magniont

Tous au tableau : on y chante aujourd’hui l’Air des Alarmes.

Mon dieu, Le téléphone sonne. C’est une auditrice qui appelle : l’animateur nous apprend qu’elle a un « petit bout de chou » qui vient de rentrer en cours préparatoire. Il fait beau, le pays n’est pas encore en guerre, tout pourrait aller pour le mieux, sauf que… la maîtresse. La mère du Petit Bout De Chou sait quelque chose sur la maîtresse, quelque chose de terrible qu’elle a découvert en aidant PBDC à faire ses devoirs : la maîtresse pratique la lecture globale. Cette méthode d’apprentissage qui vient d’être bannie de l’Éducation nationale, eh bien voilà qu’on la réintroduit traîtreusement. Il y a de quoi désespérer : « Je suis atterrée d’apprendre que dans ce pays le ministre prend des décisions et que dans les faits elles ne sont pas appliquées », s’indigne notre auditrice. Justement, le ministre est là. Il commence par calmer le jeu ne pas demander le nom de l’enseignante. Il reste quand même très ferme sur les « programmes de la République ». Il y a la lecture globale, il y a la lecture semi-globale, mais même semi ça ne va plus du tout, car il faut distinguer les phonèmes, il faut décomposer les graphèmes, ouiii c’est cela qui est bon pour le processus cognitif, tous les scientifiques le disent, et il a l’air de bien les connaître, on nous dirait que c’est l’un deux qu’on dirait ok bien sûr. Merci Gilles de Robien, poursuit l’animateur : ces questions-là, « ça préoccupe beaucoup de parents ». On en entendra d’autres à l’antenne, des parents comme des enseignants au ton solennel ; on évoquera doctement circulaires, réformes, supports pédagogiques. « Ce manuel, je le connais comme tous les citoyens », indiquera même l’un des intervenants : il existerait donc des manuels connus de tous les citoyens ?
L’émission se termine, mais pas vraiment, car lui succède aussitôt une réclame pour la prose de Philippe Meirieu, ancien directeur de l’IUFM de Lyon. École ! Demandez le programme, tel est le titre de l’ouvrage, ainsi vendu : « Tous les parents veulent une meilleure école pour construire une école à la hauteur de nos ambitions », etc. De l’école, de l’école, de l’école. Vous en reprendrez bien un peu, comme toujours en septembre, mais jamais peut-être encore de si grosses portions. Les demandeurs du droit d’asile eux-mêmes ne sont pleurés qu’à hauteur de leur scolarisation : c’est en classe que poussent les bouts de chou, et pas ailleurs. Alors on va s’occuper d’eux : la dame en tailleur annonce une « révolution scolaire », elle va instaurer l’ « ordre juste », projeter un deuxième Adulte dans les classes puis prêter bureaux et ordinateurs pour que les enseignants puissent rester un peu plus tard le soir ; le monsieur en costume entend quant à lui rétablir « la transmission des savoirs et des valeurs » et qu’on se lève quand le professeur arrive, et qu’on sache distinguer Madame Bovary d’un fait-divers. À chacun ses programmes, à chacun ses fiches et les larbins qui les ont rédigées, fédérations de parents d’élèves ou maîîîtres déçus de la République. Peu importe, tous se rejoignent, au final : il faut que 68 ne fasse plus de poussière est leur refrain préféré. Et c’est ici que la situation devient piquante. Car à bien observer le paysage de l’Éducation nationale ces dernières années, qui pourrait y distinguer les effets d’un séisme gauchiste : sera-ce dans la promotion de l’Éducation civique ? dans la contagion de la « pédagogie du contrat » ? dans les colonnes des cahiers d’évaluation ? Bien évidemment, il y a longtemps qu’on a eu la peau douce des slogans soixante-huitards, comme ne cessent de l’indiquer tous ces discours saturés d’un lexique républico-entrepreneurial. La chienlit n’est pas à l’école, ou si elle y est encore, c’est comme le matériel nucléaire en Irak : pour se donner l’agitation d’une guerre.

L’attaque des choux Par Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°77 , octobre 2006.
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