La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français Triste exil

janvier 2007 | Le Matricule des Anges n°79 | par Delphine Descaves

Le narrateur, un jeune Chilien, arrive dans les années 80 à Paris, et y retrouve Laura, réfugiée politique d’une trentaine d’années. Occupant dans la vie de cette femme le rôle privilégié mais difficile d’amant clandestin et de confident, il passe des heures à l’écouter raconter le Chili de Pinochet, sa lutte d’opposante aux côtés de son mari, et ressasser l’amère réalité parisienne. Laura et les siens vivent à Fermeil-Préfecture, dans une cité dortoir. Bernardo Toro réussit le pari délicat d’écrire, d’une plume sans fioriture, le quotidien : les journées de Laura, du RER au petit restaurant où elle travaille, puis les soirées noyées dans l’alcool, les monologues et les nuits achevées avec son amant dans une étreinte insatisfaisante. Le seul repère, c’est la communauté chilienne, la bulle que Laura s’est construite pour tenir et trouver un sens à un exil ingrat. Comment alors ne pas voir le gâchis de ces vies d’étrangers, dans un pays qui n’a d’accueil que le nom, où l’on arrive sans moyen et sans joie ? Où même la condition de réfugié politique perd de son sens, puisque « la militance a cessé d’être un soutien, les liens politiques se sont distendus, l’exil est devenu une affaire d’individus ». Contretemps est donc le récit d’un échec, d’autant plus frappant qu’il a lieu sans le recours à la tragédie ou au pathos : le narrateur lui-même, progressivement en désamour de Laura, jette un regard cru sur elle et sur la condition d’exilés. Laura quant à elle finit par repartir au Chili, riche de sa seule résistance à la souffrance, pour atterrir dans une Santiago où personne ne l’attend. « Toutes ces années je n’ai fait que survivre. Survivre, c’est déjà colossal. Parfois il m’arrive de me poser la question : moi, ceci ? NON, ce n’est pas moi. Mais alors quand ? Où ? Plus tard ? Il m’arrive de ne plus y croire. »

Contretemps de Bernardo Toro
Les Petits matins, 355 pages, 20

Triste exil Par Delphine Descaves
Le Matricule des Anges n°79 , janvier 2007.