Hubert Colas est auteur, metteur en scène et scénographe, il crée en 1988 Diphtong Cie. Puis, en collaboration avec le musicien Jean-Marc Montera, il fonde en 2000 à Marseille Montévidéo : un centre de création consacré à l’écriture contemporaine et aux musiques improvisées. La même année, il crée le Festival Actoral (festival d’écritures contemporaines). Sa pièce, La Brûlure tourne autour d’un fait divers. Une première version, beaucoup plus courte de ce texte est parue, toujours chez Actes Sud-Papiers, dans Brêves d’auteurs en 1993. La Brûlure est écrite pour onze personnages dont sept belligérants. Nous sommes en guerre donc, dans une cité. Avec, pour point de départ, le témoignage de La Jeune Femme et une première déposition. Elle dit reconnaître Le Jeune Homme. Il aurait, selon ses dires, enlevé, violé et mangé un enfant. Ce jeune homme, la cité va désormais l’appeler Le Jeune Homme Race de jeune Chien de rien. Lui, rêve juste de partir de là où il vit. Ce jour-là, il se sent « dans un petit matin de mots fragiles » avec une tête qui se ronge les ongles.
La rumeur va monter, monstrueuse, enflammée par un mélange de rancœurs, de haines, de racisme, de peurs. Il va falloir trouver une victime pour que la violence puisse s’exercer. Une chasse à « la race de jeune » commence. « On va trop loin dans cette histoire il y a un moment où il faut savoir jeter l’éponge on ne peut pas punir tout le monde/ Un seul c’est bien suffisant on en tue un ça fait l’exemple Paul/ On ne peut pas tuer tout le monde on ne peut pas/ Il faut marquer la pause un peu de pardon avec l’œil ferme/ Prendre le temps pour les enfants caresser les chiens remettre un peu de joie et de lumière laisser monter l’espoir il faut serrer des mains pleurer un peu nos morts s’ouvrir à nos petites tristesses comme avant-guerre (…). Une fois tué ce jeune homme nous l’offrirons au monde nous ferons le bûcher et nous brûlerons nos vices et la grande noce pourra commencer », dit l’une des belligérantes.
Ce texte met en jeu les zones troubles que brasse un fait divers. Dans une langue puissante, charnelle, lyrique et violente, la pièce bascule dans la tragédie avec ce sacrifice humain. La dernière réplique du texte s’adresse au ciel comme pour demander des comptes de tant de barbarie et du pourquoi de la violence du monde d’aujourd’hui.
La BrÛlure de Hubert Colas, Actes Sud-Papiers, 64 pages, 9,50 €
Théâtre L’odeur du pas clair
mars 2007 | Le Matricule des Anges n°81
| par
Laurence Cazaux
Un livre
L’odeur du pas clair
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Le Matricule des Anges n°81
, mars 2007.