If N°29 (Hubert Colas)
Le numéro d’hiver de If est résolument tourné vers la traduction : Jean-Jacques Viton et Liliane Giraudon ont confié le sommaire à l’écrivain Hubert Colas, à charge pour lui de répondre à cette affirmation du poète Oskar Pastior : « traduire est un mot faux pour quelque chose qui n’existe pas ». Deux photos, urbaines, cadre dans le cadre, sorte de duplication du réel, ouvrent et terminent cet ensemble comme idée (platonicienne) du traduire. En seconde de couverture, l’esprit potache est annoncé par l’impression graphique d’un If à la Pif gadget spécial traduction. Le programme que le rédacteur en chef annonce « un texte porte des images des sons des rythmes des fantômes et entre les mots un précipice de mots invisibles, c’est cela que devrait en premier lieu porter le désir de traduire », le technicien des surfaces sonores Thomas Braichet et Sophie Nivet, le rendent, eux, illisible par une superposition de traductions (dont phonétique) du Gertrud de Dreyer, effets graphiques garantis. Ailleurs, Christophe Fiat déroule le scénario du New York 1997 de John Carpenter, le traduisant dans son économie marchande. C’est aussi ce que fait Thomas Mailaender lorsqu’il se photographie avec de gros chèques dans Sponsoring. Malin. Enfin Orion Scohy propose des petites choses décalées, parfois marantes, dont le néologisme de tradhuir, qui mêle traduire à trahir, ou les fausses citations de Kafka, etc. Traduire trahit quand trahir traduit, est-il rappelé. On l’aura compris, notamment par cet « enculé de ta mère » œdipien qu’elle conjugue à la sauce gribiche.
If N°29, 113 pages, 15 € (32, rue Estelle 13006 Marseille)