L’écrivain suisse Philippe Testa pose un regard perçant sur les relations hommes-femmes. Dans Love, recueil de dix-sept nouvelles, petits joyaux de concision, il enchaîne les saynètes tragi-comiques sur des couples à peine formés ou en perdition. Ses personnages semblent en permanence tiraillés entre l’envie de procréer et le désir de séduire sans s’engager. Un supplice de Tantale psychologique qui, pour l’auteur, apparaît comme la raison première des contacts sociaux, en tout cas de leurs ratés. Pour aller vers l’un ou l’autre de ces deux pôles antinomiques, chacun rivalise de mauvaise foi, de petites lâchetés et de manipulations invisibles. Dans « Game Over », une femme en mal d’enfant pose un ultimatum à son compagnon : le mariage et la paternité ou la porte. « Voyage Astral » montre un célibataire en chasse, qui échoue lamentablement après un plan drague maladroit dans un supermarché. Le deuil impossible creuse aussi ces amours défaites. « Le plus petit dénominateur commun » dévoile ainsi les difficultés d’un homme plaqué, qui vit dans le souvenir de celle qu’il a aimée. Un adolescent, qui ne s’intéresse pas encore aux relations dites sérieuses, est témoin de ce désarroi. La force de Testa est là : choisir un point de vue décalé qui dévoile la singularité d’une situation. Il capte le moment précis où chacun prend conscience de la vanité de son existence. Seule « Argentine » laisse penser que le coup de foudre, l’attirance sincère et envoûtante sont encore possibles. Passionné de rock, Philippe Testa mâtine ses textes de références qui donnent de manière originale « la pulsation de la nouvelle ». La solitude pourrait être soluble dans la musique de Roy Orbison ou celle de Motörhead.
Love de Philippe Testa
Navarino Éditions, 124 pages, 18 €
Domaine français Refrains d’amour
mars 2007 | Le Matricule des Anges n°81
| par
Franck Mannoni
Un livre
Refrains d’amour
Par
Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°81
, mars 2007.