Le caviardage, vous connaissez ?
Il s’agit d’un procédé qui « consiste (…) à supprimer un mot ou un passage de texte en le recouvrant d’encre noire ». Il fallait avoir le toupet et le génie d’Hélène Bernard (pour le texte) et de Jean-François Martin (pour les illustrations) pour oser caviarder un conte universel, en l’occurrence, Aladin ou la lampe merveilleuse, traduit ici par Georges Frilley et illustré par Lucien Laforge, paru en 1912.
Cet album au grand format surprend par le fascinant résultat de l’entreprise. La mise en regard de la page originale du conte et de celle passée au caviar où Aladin… devient La Ballade de la pie voleuse révèle un travail minutieux et inventif de composition et d’« écriture ». Par ce procédé de recouvrement (ici des illustrations aux larges aplats de couleurs aux tonalités multiples et des mots ou des phrases mis en réserve), le tandem arrive à créer un tout autre conte, l’histoire d’une princesse orientale victime d’un sortilège, à partir des textes et des images originales, n’en conservant parfois qu’un détail infime.
Le lecteur découvre cet art du détournement avec d’autant plus de plaisir que la lecture de cet album très graphique peut conférer à un passionnant jeu d’observation pour tous.
Les Métamorphoses d’Aladin ou comment il fut passé au caviar de HélÈne Bernard et Jean-François Martin (d’après une traduction de Georges Frilley, illustrée de Lucien Laforge, Michalon, « Tatou Conte », 43 pages, 18 €
Jeunesse Aladin et la pie
juin 2007 | Le Matricule des Anges n°84
| par
Malika Person
Aladin et la pie
Par
Malika Person
Le Matricule des Anges n°84
, juin 2007.