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Avec la langue Sudoku, dit-il

juillet 2007 | Le Matricule des Anges n°85 | par Gilles Magniont

Ni pute ni soumise, la Secrétaire d’été fera dans le ludique.

À la demande expresse de Charles Juliet, nous nous ouvrons aujourd’hui aux jeux de plage. Bien sûr, magazine de qualité oblige, ambiance littéraire s’entend, nul mot fléché ici, pas même l’ombre vulgaire d’un rébus. Mais il te faudra, agile lecteur du Matricule, parcourir cette page comme l’on transpire sur l’un de ces cahiers de niveau destinés aux parents tortionnaires. Car, depuis la fiche de vocabulaire jusqu’à la production d’un texte de fiction, en passant par l’opération arithmétique, tout ici veut nourrir ton esprit.
FORCE 1. En un premier exercice, on va s’inspirer de Bernard-Henri Lévy, et de l’une de ses récentes fulgurances. « Il y a des mots qui ont une charge, qui ont un poids, qui ont une mémoire. C’est ça le travail de l’intellectuel, c’est de rappeler que la langue a une mémoire (…). Quand on dit racaille, (…) ça a un sens. Si on enlève le « aille » de racaille, il reste le « rac » de race » : une fois ces propos lentement assimilés, accomplir dignement le travail de l’intellectuel. Il s’agit de se laver, derrière leur nauséabonde conformation, de la mémoire sale des mots quelques pistes en ce sens : dans le bec du hibou, distinguez le « bou » du bougnoule, puis au bout du zizi, celui du nazi. Dévoilez même la charge crypto-homophobe de la locution À l’aise blaise (trouveras ? trouveras pas ?). Note : ce jeu sera sans doute prisé des consciences inquiètes. À celles-ci, rappelons tout de même que l’exploration attentive du langage ne peut s’accomplir qu’en raison citoyenne gardant. Par exemple, ce serait de fort mauvais goût que de prétendre reconnaître gaz dans gaza. Mais nous faisons confiance à nos lecteurs.
FORCE 2. Dignement déliée grâce à ce gymkana étymologique, l’âme doit désormais s’affronter au Mystère constructif des Préfixes et des Nombres. Pour ce faire, on demande à Rachida Dati de guider notre entreprise, elle qui n’hésitera pas à définir le « multi-récidiviste » comme celui qui « commet deux délits ». Refaites alors vos comptes : vous découvrirez que le triangle a les jambes écartées, que le trisomique a perdu un chromosome (et il ne risque pas de le retrouver, étourdi comme il est). Calculez, calculez donc, voyez combien le monde s’en trouve apaisé : le polygame tripote joyeusement la manette de sa Playstation, et le candidat au regroupement familial contemple avec tendresse son ensemble vide.
FORCE 3. Pour se détendre enfin, rien n’égale l’écriture sous contrainte. C’est dans la publicité que nous trouverons cette fois-ci notre aiguillon créatif. Sur certaines affiches incitant les Parisiens à la propreté, chacun peut lire : « Je suis un déchet. Je vais à la poubelle » ; dans un spot vantant une assurance, une voix déclare : « Aujourd’hui je suis mort. Ça, c’était pas prévu ». L’idée est belle : se mettre à la place d’un papier sale ou d’un cadavre, et de là amorcer une historiette. Tout devient possible, et diablement romanesque. À titre indicatif, et pour rester dans le registre guilleret des assurances : Je suis Alain Juppé. Je vais bientôt crever. Ou encore : Je suis Ariel Sharon. Je ne fais pas grand-chose. Mais tout cela n’est peut-être pas de saison, objectera-t-on. Alors, un dernier pour la route : Je suis François Hollande. Je vis ma vie sentimentale de mon côté. Ça, ça sent davantage l’été.


Gilles Magniont

Sudoku, dit-il Par Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°85 , juillet 2007.
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