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Revue La beauté du geste

octobre 2007 | Le Matricule des Anges n°87 | par Marta Krol

Passages à l’act N° 1.2

Une revue, encore ? Un éditeur, encore ? Oui mais non. L’Act Mem renaît des cendres de Comp’Act ; la première livraison de Passages à l’act, prolongeant feue La Polygraphe, vient marquer cet événement, manifestant encore par le choix de ses textes le refus d’esprit de chapelle, une exigence envers la littérature, et le désir de faire connaître ceux dont les lecteurs français sont plus ou moins privés. Il est toujours intéressant sinon émouvant de se rendre sensible au chœur voulu par l’éditeur des textes anciens et contemporains, à quoi tient notamment l’intérêt d’une revue littéraire ; un opus nouveau en émerge, sorte de polyphonie de voix que la poésie a inspirées, en Chine en 385, en Italie en 1908, en Suède en 1951, ou encore aux États-Unis, maintenant.
Une trentaine de contributions s’organise en trois parties, « Textes » (littéraires), « Détours » : textes critiques aigus et quelquefois féroces (ce n’est pas qu’on soit fan de Desplechin, mais à quoi bon ?) sur un écrivain ou sur un ouvrage, et « Dossier », destiné à « questionner la pensée critique, auprès de ceux qui ont participé à la modernité », ici consacré à Jacques Henric, figure de Tel Quel, romancier, essayiste et photographe.
Les « Textes » procurent quant à eux moult jouissances. Hors frontières côté nord on fait la découverte du remarquable poète néerlandais Gerrit Kouwenaar et du grand Suédois Bruno K. Oijer, dont il faut lire/voir le travail sur la majuscule et sur la répétition comme production non pas de sens mais d’effet quasi physique, oppressant. À l’inverse, « Devant une architecture grise et rose/ repose notre esprit », lit-on dans Leonardo Sinisgalli, qui explicite ainsi l’impression que nous font ses vers mêmes, amples et harmonieux. Parmi les traductions on notera aussi « Postmodernes, antimodernes », réflexion mi-philosophique mi-satirique, véloce et brillante, de Felipe Núñez sur la modernité et le fleuron de celle-ci conceptualisée sous le nom du public. S’inscrivent dans la même veine revigorante les deux textes du traducteur de ce dernier, Dominique Meens, dont on préfère le deuxième, bien que dans un genre déjà vu du journal sardonique un brin amer. Ainsi que la stimulante réflexion de Martin Rueff inspirée d’Aristote : à côté de la puissance d’agir, la capacité de ne pas passer à l’acte est elle aussi la mesure de la grandeur de l’homme ; et l’acte même peut encore contenir en lui une composante de retenue, en ne diminuant pas mais au contraire en augmentant de son effet. À lire aussi, les belles médiations sur Coltrane par Jean-Pierre Pincemin, et sur Yasujirô Ozu par Jacques Sicard.
Pour en revenir à la poésie et française, louons « Stemmata strirpis Humanae » de Frédéric Gabriel, étonnant « organon » dont chaque mot contribue à articuler et à révéler une évidence. On n’oubliera pas la texture dense et soutenue, aux allures beckiennes, de « Province » de Philippe Blanchon, et la sincérité tendue de Pierre Ouellet. Dans un genre à part, Jean-Patrice Courtois tente avec succès le difficile exercice de penser sur le mode poétique quelques notions - le vide, l’être, la production, le discours, la multitude - alors que « L’enquête s’avère difficile à la recherche d’un geste de travail, de perception et de pensée ». Puis, on s’arrêtera net pour le relire encore et encore le texte de Hélène Sanguinetti, justifiant son hermétisme maîtrisé par une beauté neuve, qui n’est pas sans rappeler Savitzkaya, surgie là des mots et syntagmes associés indûment dans une cascade de visions-éclairs comme venues de couches de vie intactes, primitives : « Ce fut douceur, la tenait par la main son poignet lui apprenait comment un bout de langue et de peau âpres et têtues une langue sans mots enfin, Ami pour toujours, disait-elle… »
Enfin, magnifique cerise sur un gâteau déjà pas décevant, Christophe Lamiot livre une traduction de trois « Nouveaux américains ». La magistrale précision, lexicale et spatiale de Hank Lazer (« sinon/ le corps physique/ que sommes nous ») ; l’émotion contenue et profonde des vers d’Andrew Zawacki, cependant presque dépourvus de pronoms je et moi ; l’intimité du regard et de la plume de Claire Potter, et la puissance réparatrice de sa manière d’articuler l’expérience : on nous offre là des pages où puiser longuement satisfaction et nourriture.

Passages à l’act N°1.2., 130 pages, 25 - L’act mem (167, quai Borel 73000 Chambéry)

La beauté du geste Par Marta Krol
Le Matricule des Anges n°87 , octobre 2007.
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