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Théâtre Le sentiment du oui

mars 2008 | Le Matricule des Anges n°91 | par Laurence Cazaux

Dans un essai vif et éclairant, Jean-Pierre Simeon relance le débat sur les travers du théâtre contemporain.

Quel théâtre pour aujourd’hui ?

En faisant référence à la part heureuse, au « sentiment du oui » dont parlait Julien Gracq ou au « pas ouvert » d’un René Char, Jean-Pierre Siméon crée un véritable appel d’air frais, vivifiant, concernant la pratique du théâtre contemporain. Enfin un écrit qui parle franc de ce qui cloche aujourd’hui. Et qui dit tout haut ce que souvent, on ressasse tout bas. En posant cette simple question Quel théâtre pour aujourd’hui ? Le théâtre pouvant s’entendre au sens large de poésie et littérature. Et comme c’est un poète qui prend parole, il ne dresse pas seulement un constat intellectuel, mais nous livre une parole vibrante, passionnée, énergique qui donne l’envie d’être en actes et en mouvements. « Le théâtre, la poésie, c’est essentiel mais ça n’est pas grave, écrit Siméon. Que l’œuvre importe ne devrait surtout pas nous conduire à faire les importants ». Ce livre est nécessaire pour tous ceux qui rêvent que le théâtre et la poésie soient plus au cœur de la cité, parce qu’il donne de l’élan vital, dans la matière même de l’écriture. Il regroupe deux écrits différents, le premier intitulé : Une modernité acariâtre : esprit de sérieux, haine du sentiment et mépris des vieilles lunes porte un regard critique sur quelques partis pris « qui prévalent dans les sphères qui régissent le bon goût théâtral du moment ». Le second texte est un Bref mémoire sur l’expérience rémoise, avec le metteur en scène Christian Schiaretti.
Jean-Pierre Siméon part de plusieurs constats simples dont celui-ci : le théâtre aujourd’hui subit une crise de fréquentation du public. De nombreuses raisons sont mises en avant comme la prégnance de la télévision, la puissance économique du divertissement, l’abandon progressif de l’éducation populaire… Mais pour lui deux raisons prévalent : les gens ne vont pas au théâtre parce qu’ils ont peur de ne pas être à la hauteur intellectuellement et de s’ennuyer.
C’est la facture de ce livre d’énoncer quelques vérités simples et souvent absentes du débat en les doublant d’une analyse brillante et d’un joli tour d’horizon de la situation. Et comme Jean-Pierre Siméon ne mâche pas ses mots, le plaisir de la lecture en est accru. Comme dans un inventaire à la Prévert, dans cet essai, Jean-Pierre Siméon parle, entre autres, de naïveté, (combien l’expérience naïve du poème est fondatrice), d’humour, d’esprit d’enfance, de l’humilité nécessaire et si souvent absente des plateaux de théâtre, de l’obligation d’habiter un théâtre comme on habite une maison. De la façon dont on l’habite dépend l’accueil du public. Aujourd’hui beaucoup de théâtres ressemblent à des maisons bourgeoises, clinquantes et vides d’âmes, « qui sentent l’avarice et la mort ». Il parle aussi de la nécessité de ramener le théâtre à sa juste valeur, celle de la relation humaine. Il analyse « le vade retro pathos » tellement à la mode aujourd’hui, la peur du sentiment, du rire.
Un extrait pour conclure, en laissant la parole au poète, ardent défenseur par cet écrit d’une belle utopie appelée Théâtre.
Il évoque ce qu’il appelle le théâtre de la monstration, « théâtre qui orgueilleusement se montre où il devrait s’effacer pour n’être que le moyen - le médium - de la faculté imaginante du spectateur/ lecteur de la langue. Un théâtre qui soigne sa montre (comme le boutiquier dit de sa vitrine) sacrifie l’art au profit de l’artifice. Or l’art qui consiste à donner le poème dans sa nudité la plus extrême, la plus brutale pour que l’invention du spectateur le transforme en cela seul qui lui est nécessaire et qu’aucun metteur en scène ne saura jamais, est la justification ultime d’un théâtre qui enrichit la conscience. Un art pauvre ou du moins modeste. »
Tout le livre est à méditer. De toute urgence.

Quel théÂtre
pour aujourd’hui ?
Petite contribution au débat sur les
travers du théâtre contemporain

Jean-Pierre
Siméon
Les Solitaires
intempestifs
96 pages, 12

Le sentiment du oui Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°91 , mars 2008.