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Revue Camps du déshonneur

juin 2008 | Le Matricule des Anges n°94 | par Jean Laurenti

Lignes N°26 (Les Étrangers indésirables)

La revue Lignes consacre sa livraison de mai à une intense réflexion sur le sort que la France et l’Europe infligent aux étrangers. Devenu la figure sur quoi se cristallisent peurs et fantasmes savamment entretenus, l’Autre est revêtu des oripeaux d’une multitude en passe d’envahir le territoire, d’en déposséder ses habitants légitimes. À travers leurs contributions, les différents rédacteurs de ce numéro se livrent à un questionnement pluriel dont on retiendra deux axes particulièrement stimulants : d’une part, comment l’État (et en particulier en France, le gouvernement qui l’incarne aujourd’hui à travers une « xénophobie d’État », pour reprendre l’expression d’Olivier Le Cour Grandmaison) fabrique la figure de l’étranger et injecte dans le corps social les ingrédients de la crainte et du rejet ; d’autre part, ce que l’arsenal rhétorique, juridique et matériel déployé dans ce combat contre l’étranger, nous dit de ceux qui ont décidé de le mener et de l’état d’une société qui accepte qu’il soit mené en son nom. Georges Didi-Huberman, historien d’art et décrypteur d’images consacre sa contribution à « La position de l’exilé », à travers une réflexion sur l’exil fécond de Brecht hors de l’Allemagne nazie. Il y fait, en ouverture, l’éloge de « l’écart », cette position qui consiste à prendre en compte « le hors-champ » du réel dans lequel on est impliqué, à resituer dans un enchaînement historique tout ce qui advient aujourd’hui. L’écart autorise la découverte de ce que, immergé dans ce qui nous est quotidiennement asséné, on ne voyait pas.
S’écarter ainsi c’est se redonner la possibilité de voir l’infamie d’une politique prétendument juste et humaine. C’est voir se dresser comme une insulte infligée à chacun de nous le « monument funèbre » (Nicolas Klotz) qu’est le ministère de l’immigration et de l’identité nationale. Dans « L’espace-camp et l’expression furtive », Alain Brossat analyse la rupture dans l’exercice de la loi que représente l’existence des camps de rétention : les individus « déclassés » qui y sont parqués dans l’attente de leur expulsion sont soumis à l’arbitraire des « pratiques administratives et policières ». Le « danger » que représente pour la société l’étranger en situation irrégulière doit justifier l’existence de structures (dix-neuf camps de rétention recensés en France) et de règles qui entrent en contradiction avec les principes censés fonder la nation des Droits de l’homme. Un régime de « l’exception furtive permanente » destiné au « traitement de l’indésirable » auquel le corps social est appelé « à acquiescer » puisqu’il y va de sa sauvegarde. L’indésirable par excellence, c’est bien entendu le clandestin, dépossédé de son histoire, « ravalé » à sa condition d’individu entré illégalement sur le territoire national, un être dont l’histoire personnelle est systématiquement occultée. L’étranger indésirable d’aujourd’hui, cet élément effrayant d’une masse en mouvement dont les flux doivent être régulés, trouve son origine dans la figure de « l’indigène ». Sidi Mohamed Barkat en analyse la figure fabriquée par le colonisateur européen : un être qui « tourne le dos au principe de raison », décrété incapable d’habiter de façon responsable un territoire, fût-il celui où il est né. Comment pourrait-il, lorsqu’il arrive dans le pays des anciens colons, être davantage qu’ « une présence sans existence » ?

Lignes N°26, 190 pages, 19

Camps du déshonneur Par Jean Laurenti
Le Matricule des Anges n°94 , juin 2008.
LMDA papier n°94
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