Rehauts N°21 (Étrangeté)

L’étrangeté est sans doute le moment où toute écriture se forme et sort de ses ornières : il faudrait imaginer une violence à cette sortie, seul moyen d’en recueillir le fil de soie. C’est ce que dit bien Antoine Graziani lorsqu’il écrit « notre néant/ devient/ le jour// dit-il encore// cette parole/ qu’il ne prononce pas/ c’est le fils// et c’est le rêve/ où ils se trouvent// et le ciel/ rouge/ qui ordonne/ leur mutité » ; ou encore le poète Israël Eliraz dans des poèmes d’aoûtement : « à la limite des choses perdues » il écrit, sublime de simplicité, le « poème-hybride, retentissant comme/ au buffet de la gare, il y a très/ longtemps, près d’une femme,/ des rires, un frôlement ». D’une autre façon James Sacré répond lui aussi par des poèmes « traversant le territoire Hopi » et Jacques Sicart par « Films », petites proses sensibles sur des moments de cinéma (Resnais, Straub-Huillet).
Rehauts N°21, « Étrangeté », 112 pages, 13 €