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Essais Ils se cachent pour mourir

juillet 2008 | Le Matricule des Anges n°95 | par Éric Dussert

Histoire universelle de la destruction des livres

L’épisode le plus récent de la biblioclastie, le saccage du patrimoine irakien, souligne bien par un retour à nos sources, ce que d’aucuns devinent ici : l’éradication de la mémoire, de l’histoire et de la langue. Le large panorama de la destruction des livres offert par le Vénézuélien Fernando Báez paraît d’autant plus pertinent que, à sa lecture, on se prend à songer aux épiphénomènes acides qui rongent depuis plusieurs lustres déjà l’éducation et la culture voués désormais aux impératifs d’UBM (« unité de buzz médiatique »). En faisant une fixette sur la destruction de livres, Fernando Báez nous a sans doute rendu un grand service. Des tablettes sumériennes (argile fragile) à la guerre d’Irak (sous-munitions et collectionneurs vandales), il a mis en fiches les cas recensés, sans oublier le mystère de la bibliothèque d’Alexandrie, celui de Pergame, les autodafés religieux ou nazis, les chasses aux sorcières, etc. Toutes opérations abîmant le papier. Si le propos est haché, cette compilation effrayante, en signalant ce qu’il nous manque de la sagesse et des arts des anciens nous indique ce que nous avons d’ores et déjà perdu : le réflexe de la trace, auquel Internet fait le cautère sur jambe de bois. La culture, au sens de savoir et d’histoire partagés, ne vaut plus. Seule l’étiquette importe encore parce qu’on peut y coller des marques. Pour le reste, basta le bac (« anachronique » a-t-on pu lire récemment), basta les érudits : de la chair à CAC 40, voilà ce qui importe. D’autant que la « révolution numérique » nous prépare un désert de la mémoire époustouflant : cette technologie ne permet en effet la conservation « pérenne » qu’à un coût fabuleux, interdit aux particuliers. Oubliez donc aussi vos albums de famille : ils n’existent plus. C’est parfaitement désolant, mais tout donne raison à Orwell lorsqu’il écrivait 1984. Nous ne saurons bientôt plus qui nous sommes. Et c’était écrit. (Histoire universelle de la destruction des livres de Fernando Báez, traduit de l’espagnol par Nelly Lhermillier, Fayard, 527 p.)

Ils se cachent pour mourir Par Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°95 , juillet 2008.
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