Confronté au terrorisme fin-de-siècle, le gouvernement français fit adopter dans l’urgence trois lois, bientôt nommées scélérates : elles visaient directement la presse et les séditions anarchistes. Les éditions Le Flibustier rééditent plusieurs textes d’opposition, regroupés une première fois par La Revue blanche en 1899 : « Notre loi des suspects », étude générale et éloquente du journaliste et homme politique Francis de Pressensé, « Comment elles ont été faites », compte rendu minutieux rédigé par un juriste anonyme, et enfin « L’application des lois », récit des condamnations successives sous la plume du syndicaliste Emile Pouget. De l’Histoire lointaine, pour spécialistes only ? Voire : il est par exemple question, dans l’étude de Pressensé, d’une population qui « paye les frais d’une sécurité menteuse », du « monopole politique d’une bourgeoisie aussi égoïste et moins décorative que l’ancienne noblesse », de « la corruption croissante d’une société asservie au capitalisme », d’un régime qui « s’abaisse à chercher d’une main fébrile (…) les armes à deux tranchants de la peine forte et dure », d’un « Président parvenu qui joue au souverain », d’un « Premier ministre sournoisement brutal »… On se prend à jouer au jeu des sept différences, sauf qu’il n’y a pas de différence.
Lois scélérates de 1893-1894, Le Flibustier (52, rue du Commandant Mages 13001 Marseille), 96 pages, 11 €
Essais Le temps des scélérats
mars 2009 | Le Matricule des Anges n°101
| par
Gilles Magniont
Un livre
Le temps des scélérats
Par
Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°101
, mars 2009.