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Textes & images Boulons et nichons

mars 2009 | Le Matricule des Anges n°101 | par Gilles Magniont

Sergio Aquindo donne à imaginer des machines improbables qui tiennent du jeu d’esprit comme du surréalisme, et surtout de son propre génie.

La Mère machine : L’Histoire des ateliers Tosco

Le saviez-vous ? Tulio Nicanor Tosco (1902-1963), apprenti dans l’atelier d’ébénisterie de son père, se trouva durablement marqué par une démonstration d’automates anglais. Débarquant sur ses 21 ans à Buenos Aires, il n’eut dès lors de cesse de concevoir et de commercialiser ses automates à lui. Ce furent les « Mères Machines », faites de chrome, de caoutchouc ou de mercure, mais aussi de robes de coton. Il y eut Rustica, Moderna, Pratica, ou encore la gamme des Discreta (modèle Champêtre, Estivale ou Gala). Des patronymes comme un programme, et des fonctions variées : il pouvait s’agir d’éduquer ou surveiller les enfants, comme parfois de chanter ou danser la valse. La femme parfaite ? Il est vrai que l’ambitieux Tusco caressa toute sa vie le rêve d’une Mère Machine qui « serpenterait délicatement dans la maison et flotterait sur la vie quotidienne avec une beauté éthérée ».
C’est pour de faux, évidemment. L’inventeur est inventé. Il s’agit de faire comme si : à coups de tableaux qui tiennent de Magritte comme des délires rigoureux de l’anticipation, par le biais des croquis prétendument échappés des carnets de travail, des citations extraites du journal de Tulio Tosco, des allusions bibliographiques érudites (car il y eut des polémiques et une Anti-Machine !), des remerciements aux ayants droit, etc. Sergio Aquindo avait déjà fait le coup des papiers retrouvés avec Les Jouets perdus de Romilio Roil (R de Réel, 2001) ; le dispositif est bien rôdé : on le retrouve d’ailleurs ces jours-ci à l’honneur des Carnets de Gordon Mc Guffin (chez Futuropolis), où Pierre Senges et Nicolas de Crécy font mine d’exhumer les archives d’un obscur d’Hollywood. Et La Mère Machine semble cligner de l’œil vers de vénérables faussaires : Nabokov pour l’appareil critique en trompe-l’œil, Perec pour la science fictive, Borges pour les arcanes du génie méconnu. Autant dire que, sous l’écrin du format à l’italienne, on craint de s’ennuyer à une fantaisie aussi vaine qu’élégante.
Pourtant cela marche, comme une mécanique joliment bancale. D’un côté, Aquindo parvient à donner corps à son univers, en découpant l’existence de Tulio en autant d’instantanés feuilletonesques : où l’on voit notre héros méconnu voguer de déceptions en succès, affronter les trahisons ministérielles et les grèves à l’atelier, s’enticher des théâtres et se fâcher avec les hommes de sciences. De l’autre, il sait trousser sa prose mélancolique de sorte qu’on se figure les machines, mais pas trop : « Quand l’après-midi se mourait orangée, la voir surgir de manière imprévue au coin de la rue produisait un inévitable grattement dans la gorge, un petit saut à l’estomac, une solitude inattendue, là debout sur le trottoir de dalles rouges, le pain à la main (…). Rapidement, les matchs de foot improvisés perdaient leur sens, les enfants se regardaient en silence et la Robusta continuait d’avancer lentement dans la rue crépusculaire avec son éternelle petite musique. Sa place dans la famille, sa place dans le quartier, ne furent jamais bien claires. Une incompréhension grise semblait devoir la poursuivre. »

La MÈre Machine de Sergio Aquindo
Rackham (28, rue Brûlefer 93100 Montreuil), 110 pages, 25

Boulons et nichons Par Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°101 , mars 2009.
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