Le Dernier message du cosmonaute à la femme qu’il aima un jour dans l’ex-union soviétique

Deux cosmonautes, un fonctionnaire, une orthophoniste, deux danseuses de charme dont la fille de l’un des cosmonautes, un haut fonctionnaire de la banque mondiale, un ufologue (qui étudie les ovnis), une fonctionnaire de police, un patient et des propriétaires de bar, telle est la petite humanité que réunit David Greig, écrivain et metteur en scène écossais, dans sa pièce. Certains personnages semblent reliés aux autres par la pensée, physiquement, ou bien par le biais d’écrans ou de radio. Et pourtant, aucun n’arrive vraiment à communiquer. À l’image de ces deux cosmonautes en mission secrète, dérivant dans l’espace depuis des années et dont tous les moyens de communication sont en panne.
Tout au long du Dernier message… se déclinent des problèmes d’émission et de réception, que ce soit par l’incommunicabilité entre les êtres ou par les parasites qui envahissent régulièrement les machines, les écrans, les télévisions. Et pourtant, paradoxalement, un lien invisible continue d’exister entre un module spatial baptisé Harmonie, la fille du cosmonaute et l’ufologue, et ce malgré une distance de milliers de kilomètres…
La pièce, malgré son titre, ne délivre pas de message. Elle donne à voir une complexité, comme dans un poème fragmentaire ou une succession de prises de vue. Sa structure est en effet éclatée, le lecteur naviguant entre les différents protagonistes. La suite des scènes laisse apparaître des impressions de tristesse, l’impossibilité et la peur d’aimer, la difficulté de se parler, la perte des mots, des visages aimés et des souvenirs, l’emprise de l’enfance, les rapports de pouvoir, mais dans le même temps la tentative de donner du sens, d’arrêter des guerres, de communiquer avec le ciel.
Un enregistrement de la respiration de la fille du cosmonaute endormie apparaît comme un trésor, particulièrement convoité. Un trésor dérisoire et sublime à la fois, à l’image de la vie sur terre.
Le Dernier message du cosmonaute à la femme qu’il aima un jour dans l’ex-Union soviétique de David Greig
Traduit de l’anglais (Écosse) par B.Pélissier,
Théâtrales/Maison Antoine Vitez ; 94 pages, 14 €