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Événement & Grand Fonds Sans maître

juin 2009 | Le Matricule des Anges n°104 | par Thierry Guinhut

Dans une ferme isolée de Virginie au XVIIe siècle - allégorie de l’Amérique en devenir - se dessinent les racines de son destin sous le regard d’une grande pureté de Toni Morrison.

Le temps des commencements est insaisissable, subtil, lieu où l’innomé prédomine, où les enjeux saillent comme des aspérités sur une toile encore nue. Penché sur ce creuset où la vie nouvelle en est à ses balbutiements, et si difficile à cerner avec justesse, l’impeccable clairvoyance et la tendre délicatesse du dernier roman du prix Nobel de littérature Toni Morrison fait œuvre majeure. Un don est un texte court, et d’apparence simple. Pourtant, comme les chefs-d’œuvre des Compagnons d’autrefois, il saisit en un ensemble le tout dans son architecture, et chacun de ses détails dans leur finesse et complexité. Le résultat est d’une densité rare, accessible et vertigineuse à la fois, tant les clés d’entrée sont multiples, laissées à la sensibilité du lecteur.
Le Maryland, 1682 : une des treize colonies de l’Amérique archaïque - près de cent ans avant la naissance des États-Unis - baignée de lumière blonde, « un monde si neuf, presque inquiétant de crudité et de tentation ». Celle qui domine, en cette région sudiste en majorité catholique, peuplée de « femmes trop élégantes en hauts talons (…) dans des voitures conduites par de petits Noirs de dix ans » est l’argent facile, tiré de plantations de tabac et celles, à La Barbade, de cannes à sucre par le « Senhor D’Ortega ». En face, l’idéal de réussite laborieuse et indépendante de Jacob Vaark, protestant orphelin, au « chagrin d’être à la fois mal né et rejeté ». Dans le pacte qui se noue ce jour-là entre les deux hommes - le troc d’une dette contre Florens, enfant esclave proposée délibérément par sa mère - s’immiscent les germes des forces que Vaark et Florens devront surmonter, offrant la clé de voûte qui soutient le roman.
Elle est liée à la polysémie en anglais du mot « unmastered », si ardu à transcrire malgré le travail admirable de la traductrice Anne Wicke. Sans maître, « n’appartenant à personne », est le sens premier du texte - c’est le cas de quatre femmes, Rebekka, Lina, Florens et Sorrow, épouse et esclaves, ramenées à une position de proies faciles par la mort de Jacob Vaark. Nulle liberté à attendre de cette absence. Car derrière l’interdit social - et la contingence du statut de la femme, en écho aux portraits si poignants de Jane Austen : « être femme ici c’est être une blessure ouverte qui ne peut guérir » - rôde aussi « ce qui n’est pas maîtrisé », dompté, pour chacune d’elles - ou encore ce qui reste « in-surmonté », faute de s’en rendre maître, ou d’avoir su l’apprendre.
Elle transcende les clivages de peau pour poser sous nos yeux les pigments originels d’une identité collective.
Huit ans plus tard, au prix de transiger avec sa répulsion pour « le commerce de la chair », Vaark a fait fortune dans le négoce du rhum - l’éloignement des plantations permet de ne pas souffrir de la vision quotidienne des êtres dont la vie est « comme du bois à brûler, ce qui devient cendre est réutilisé ». L’abandon reste gravé en blessure d’amour inassouvi pour...

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