Le Tigre N°4
En quatre ans d’existence, Le Tigre aura souvent changé de gueule : hebdomadaire, puis mensuel et trimestriel, il paraît depuis février un samedi sur deux. Le « quinzomadaire » ne traumatisera pas les habitués : goût des listes, des jeux et des feuilletons, Autofictif de Chevillard, science de la critique ironique et du rubriquage atypique, tout est bien là, mais il faut ajouter que la nouvelle formule prend parfaitement. Sur de grandes pages (47x32), une luxuriance colorée permet de se soustraire aux préciosités du noir et blanc, quand le contenu des « grands papiers » s’avère aux antipodes du snob : le travail en prison, une entreprise privée qui accuse un syndicat de ne pas respecter les « valeurs républicaines », la barre des Tertres qu’on détruit sur les hauteurs de Paris, autant d’enquêtes où les fondateurs du Tigre (Laetitia Bianchi et Raphaël Meltz, auxquels s’est joint Sylvain Prudhomme) procèdent avec infiniment de sérieux et de délicatesse, inventant discrètement un nouvel art de « faire du journalisme », sans réseau, tic d’écriture ou préjugé idéologique.
Le Tigre N°4, 8 pages, 2, 50 €
(en kiosque et librairie)