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Domaine étranger En eaux vives

juillet 2010 | Le Matricule des Anges n°115 | par Didier Garcia

Loin de la civilisation, John Gierach plonge son lecteur dans les rivières à truites américaines. Une lecture
rafraîchissante.
À l’instar de son illustre prédécesseur Ernest Hemingway, John Gierach est un écrivain-pêcheur, genre peu couru en France. Un écrivain pour le moins singulier, presque exclusivement occupé à chercher « des paysages époustouflants et des truites », qui n’a trouvé que trois choses parfaites sur cette terre, à savoir « les pick-up Ford 1955, B.B. King et la pêche à la mouche sèche », et aux yeux de qui une bible présentant une compilation de 672 modèles de mouches « renferme davantage de cogitation humaine qu’un roman russe en cinq tomes et constitue une des lectures les plus fascinantes dans son domaine »
Dans ce recueil de nouvelles (mais l’on pourrait aussi bien, sinon mieux, parler de proses ou de chroniques, dans la mesure où ces textes sont totalement dépourvus d’intrigue, et surtout destinés à évoquer des moments de vie au grand air), on trouve tout ce qui fait que la pêche est bien la pêche, à commencer par des histoires de pêcheurs (évidemment des histoires vraies, comme le sont en général ces histoires, n’importe quel pêcheur vous le dira). Ou encore des puristes de la chose, qui ne jurent que par la pêche à la mouche sèche, quelle que soit la rivière, quelles que soient l’heure et la saison (le plus souvent, ce sont des emmerdeurs, que Gierach maintient à bonne distance de ses lignes). Mais on y trouve aussi tout ce qui fait que la pêche n’est pas seulement la pêche, cette dernière pouvant simplement servir de (bon) prétexte à l’écriture. Les paysages américains par exemple, comme ceux du Montana, l’état des grizzlys et des énormes truites (de celles dont on parle sans les avoir jamais vues, mais toujours avec une nuance de respect dans la voix, comme pour ne pas salir les légendes), ou ceux de l’Idaho, où coule cette petite merveille qu’est la Henry’s Fork, une rivière que tout pêcheur à la mouche un peu sérieux rêve de pouvoir un jour courtiser. Des paysages à vous couper le souffle la plupart du temps (tels qu’en réservent certains voyages), à tel point qu’il arrive à Gierach d’abandonner ses cannes dans le coffre de son pick-up pour « jouir un peu du paysage comme un simple touriste ».
Mais l’incontestable avantage qu’il y a à écrire sur la pêche, c’est que ça laisse pas mal de latitude (rien de plus fastidieux qu’une intrigue pour ce genre d’écrivain, seulement désireux d’aller là où le porte le courant de ses pensées). Il peut y parler d’à peu près tout, y évoquer des souvenirs d’enfance (des initiations, des rites, ou de mémorables parties de pêche sur les lacs gelés), des amitiés durables, des tranches de vie entre potes, des soirées au coin d’un feu, des rencontres nécessairement singulières sur les berges d’un lac, y décrire des éclosions massives d’éphémères (à grand renfort de mots latins, et avec une passion qui amuse), ou s’en prendre au capitalisme le temps d’une bonne colère. Et, si l’occasion se présente, y donner des leçons de vie : « Si vous voulez rester passionné jusqu’à la fin de vos jours, optez pour une activité qui ne puisse vraiment se réduire à une science exacte ».
Si vous êtes pêcheur, aucun doute possible : Truites & Cie ressuscitera tous vos rêves d’enfant, vous incitera à ressortir votre matériel et à vous programmer sans tarder une escapade matinale vers l’eau douce d’une rivière. Quant à ceux qui se sont solennellement juré de ne jamais toucher une canne à pêche de leur vie, ces chroniques autobiographiques d’un pêcheur adepte avant l’heure du « catch-and-release » (pour ne tuer aucune prise), souvent aussi vives que les eaux près desquelles elles sont installées, et d’une sincérité capable d’émouvoir les plus esprits les plus réfractaires, leur feront découvrir que l’observation des rivières et des truites en dit parfois long sur l’homme.

Truites & Cie de John Gierach
traduit de l’américain par Jacques Mailhos
Gallmeister, 232 pages, 22,90

En eaux vives Par Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°115 , juillet 2010.
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