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Domaine français Nouvelle séance

octobre 2012 | Le Matricule des Anges n°137 | par Thierry Guinhut

Si l’on excepte quelques descriptions paysagères redondantes, le roman de Jean-Pierre Ohl est remarquablement construit. Dans une lointaine île d’Écosse, un bâtiment en forme d’œuf abrite Némos et son laboratoire insolite. C’est en ce lieu, hors d’un monde menacé par une guerre mondiale, qu’il invite quelques spécialistes du cinéma pour un colloque ; ce qui nous vaut des joutes intellectuelles homériques (sur le « formalisme » par exemple) et empreintes de satire. Stephen, le narrateur, a publié un essai remarqué sur Stanley Kubrick. Bientôt, les expériences informatiques et neuronales du savant reclus lui font vivre avec une intensité inconcevable les scènes marquantes de ses films préférés, quand des jeunes femmes, parfaites sosies d’actrices mythiques, dont une « Lolita », veillent sur les participants. Ainsi la nostalgie cinématographique s’incarne entre technologie et fantasme. À la lisière de l’impossible science-fiction ou de la probable anticipation, Némos est parvenu à fixer la personnalité des défunts dans la « Sauvegarde », au point de faire vivre aux sujets consentants de nouvelles vies avec les disparus. Retrouver les « âmes sauvegardées », est-ce traumatisme, consolation parfaite, où « le réveil est le cauchemar », addiction ?
Ce pouvoir inouï d’un cinéma qui envahit l’espace et les sens était suggéré dans le fondateur roman fantastique de Bioy Casares (L’Invention de Morel). Il est ici amplifié jusqu’aux conséquences les plus vertigineuses : « Car vous n’êtes pas Stephen Gray, mon petit. Vous êtes sa Sauvegarde. » Comme dans la narration circulaire des films de David Lynch, où réalité et fiction s’emboîtent et s’effacent, Jean-Pierre Ohl use de la menace (« Redrum ») inscrite en rouge dans Shining de Kubrick pour nous faire perdre pied parmi les terrains du réel et les circonvolutions de la perception ; nous introduisant ainsi dans les arcanes de l’œuvre d’art. La fantaisie devient alors un fastueux et talentueux conte philosophique.

Thierry Guinhut

Redrum
Jean-Pierre Ohl
L’Arbre vengeur, 256 pages, 15

Nouvelle séance Par Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°137 , octobre 2012.
LMDA papier n°137
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