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Domaine français La Couleur du crépuscule

janvier 2013 | Le Matricule des Anges n°139 | par Julie Coutu

La Couleur du crépuscule

À Los Yesares, Sunta a attendu d’avoir 50 ans pour se marier. Quand la cérémonie sera passée, elle partira en voyage, son premier voyage. Sunta n’a jamais véritablement quitté son village alors qu’ils sont nombreux ceux qui se sont arrêtés pour mieux repartir, chassés par le silence, l’immobilité : « dans les villages comme Los Yesares, il n’y a que la paresse et les années qui restent vivre ». Mais pour Sunta, née dans ces murs, s’envoler vers les Canaries ce sera « délaisser la mémoire », mémoire des vivants et des morts, intimement liée au village, à ses ombres. Alors, pour enrayer l’oubli, en attendant le jour des noces, quand le soir tombe, dans la couleur du crépuscule, elle consigne tout ce dont elle garde le souvenir sur les pages d’un cahier d’écolier. L’écriture se fait déversoir, confessionnal, révélateur.
Alfons Cervera, journaliste, poète, ici romancier – Maquis, premier roman traduit d’un cycle de cinq récits de la mémoire, est paru en 2010 –, crée ce récit de l’intime, avec sa minutie et ses ellipses, pour redire l’histoire, les années évanouies, les silences des années franquistes. Les non-dits, les mensonges ressurgissent, un fatras de récits constituant « cette mémoire qui forme aujourd’hui le territoire, si souvent cruel et douloureux, de l’enfance ». Sunta raconte les grottes, l’oncle Miguel, le cousin Hector, la tête de Napoléon Bonaparte, le canari Trotski ou bien Leopoldo, le pain aux grenouilles, les couleurs du château, les larmes de son père. Un fragment après l’autre, au gré des lieux, se met en place une géographie réelle et imaginaire, intensément poétique, toute de sons, d’images, de ressentis, du village et ses habitants. Les phrases, hachées parfois, ou ininterrompues, créent le rythme, s’écoulent interminablement ou martèlent le temps passé. « Il y a un langage pour raconter les histoires et un autre pour le silence », écrit Sunta, qui a choisi son camp. L’heure n’est plus au silence.

Julie Coutu

La Couleur du crépuscule
Alfons Cervera
Traduit de l’espagnol par Georges Teyras
La Fosse aux ours, 224 pages, 19

Le Matricule des Anges n°139 , janvier 2013.
LMDA papier n°139
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