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Domaine français Titus n’aimait pas Bérénice

octobre 2015 | Le Matricule des Anges n°167 | par Christine Plantec

Titus n’aimait pas Bérénice

Titus n’aime plus Bérénice et c’est pourquoi il la quitte. Si les noms des personnages renvoient à l’époque romaine, ceux qui inaugurent le roman de Nathalie Azoulaï sont bien actuels. Le texte s’ouvre sur une rupture amoureuse. En guise de remède à sa douleur, celle qui « veut quitter son temps, son époque, construire un objet alternatif à son chagrin, sculpter une forme à travers son rideau de larmes  » – Bérénice – se jette à corps perdu dans la relecture de l’œuvre de Racine.
Le récit premier des amours malheureuses de Bérénice fait place à un récit enchâssé qui dévide la vie de Jean Racine, chronologiquement. Le lecteur y découvre un homme tiraillé toute sa vie entre deux lieux : l’abbaye de Port Royal et le château de Versailles, écartelé entre la rigueur ascétique du reclus et le faste délirant d’un roi auquel il sacrifiera son temps en acceptant la charge d’historiographe. Plus précisément, c’est la bibliographie du tragédien qui motive la structure du récit second, et donc l’ordre dans lequel la Bérénice actuelle relira scrupuleusement chaque pièce.
Si, contrairement à Corneille, les personnages raciniens sont dès l’ouverture au bord de l’abîme, c’est peut-être que le conflit est au cœur même de la poétique du dramaturge comme inscrit dans sa chair : « On a besoin de l’antithèse parce qu’on a besoin de la symétrie  » confie Racine à son ami Nicolas Boileau, « mais moi, je rêve d’une antithèse cruciale, qui dirait le cœur des hommes (…) la croix qui les traverse, le conflit, leur nature profonde ». Nathalie Azoulai excelle dans l’art du dialogue, conférant aux personnages historiques une épaisseur touchante comme le passage où Racine s’entretient avec Louis XIV sur les femmes. Dans une langue où pointe une finesse sans fioritures, la romancière parvient à donner corps et vraisemblance à un motif qui aurait pu être écrasant. Par contraste, les amours de la Bérénice contemporaine paraissent singulièrement désincarnées et parfois caricaturales. Si la relecture de Racine agit comme un pharmakon sur le personnage, en faire l’anamnèse littéraire aurait peut-être exigé plus d’échos, plus de liens entre les deux récits.
Christine Plantec

Titus n’aimait pas Bérénice Par Christine Plantec
Le Matricule des Anges n°167 , octobre 2015.
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