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Poches Ponce Pilate

janvier 2016 | Le Matricule des Anges n°169 | par Anthony Dufraisse

Une notice introductive n’aurait pas été de trop pour replacer à sa juste valeur cet étonnant petit livre dans l’œuvre si variée de Roger Caillois (1913-1978). Peut-être même manque-t-il à ce texte, paru la première fois en 1961, une étude qui porterait sur l’uchronie, ce genre à travers lequel un auteur imagine ce qui se serait passé si certains événements n’avaient pas eu lieu, et auquel on peut rattacher Ponce Pilate. Tenant du portrait psychologique et de l’essai sur la morale de l’Histoire, ce livre se réapproprie un moment fondateur de l’histoire occidentale pour en détourner in fine le cours. Embrassant le point de vue du procurateur de Judée, Caillois rejoue rien moins en effet que la scène primitive, comme on dit en psychanalyse, de la genèse du christianisme. En graciant Jésus, le fonctionnaire romain interrompt de facto cette stratégie des dominos en quoi consiste souvent un enchaînement historique. Pas de crucifixion, donc pas d’« auréole du martyre », donc pas de sanctification. Gardé en vie, jamais Jésus ne serait devenu le Messie. Il y a du jeu dans le choix de Caillois de réécrire l’histoire, mais c’est un jeu on ne peut plus sérieux Ce qu’on peut prendre comme une « fantasmagorie théologique » apparaît non moins comme une réflexion sur l’exercice du pouvoir et plus particulièrement, peut-être, sur l’art de la diplomatie, ce rationalisme appliqué aux scenarii que comporte une situation donnée. Par la voix de Ponce Pilate mais aussi par celle de Mardouk, son oracle, Caillois traverse « l’épaisseur transparente du temps ». Et nous invite à méditer la portée d’un geste ou la potentialité d’une décision qui, au regard du temps long, fera office de matrice ou d’étincelle.
Anthony Dufraisse


PONCE PILATE
ROGER CAILLOIS
Gallimard, « L’imaginaire », 113 pages, 6,90 e

Le Matricule des Anges n°169 , janvier 2016.
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