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Domaine étranger Le Pont sur la Nerotch

juin 2016 | Le Matricule des Anges n°174 | par Camille Cloarec

Il aura fallu attendre treize années pour que paraisse en France, après Un été à Baden-Baden, un second ouvrage de Leonid Tsypkin (1926-1982). Ce recueil de nouvelles inégales, dont certaines ont tout d’un court roman tandis que d’autres tiennent sur un feuillet, présente pourtant une cohérence frappante. Leurs héros sont d’une lâcheté incurable, enlisés dans des rivalités dégradantes, craignant leurs femmes, hantés par la mort. Tourmentés, humiliés, leurs destins sont autant d’échecs criants qu’ils s’obstinent à nier. L’homme vieillissant percuté par le vide de son parcours (« Le pont sur la Nerotch »), le vacancier bassement chassé de son hôtel (« Norartakir ») et le voyageur mortifié par les incivilités urbaines (« Dix minutes d’attente ») semblent être, malgré leurs identités différentes, un seul et même personnage.
L’écriture maladroite de Leonid Tsypkin, qui retire, répète et étire, n’est sans doute pas assez travaillée. Cependant, une authenticité étonnante se dégage de ses histoires : celle, sans doute, d’une vie ratée et inconsolable. Persécuté par les nazis puis par Staline, il mourra prématurément dans la plus profonde indifférence. Le Pont sur la Nerotch se fait l’écho d’une perte insondable, d’un drame insurmontable. Les allusions au génocide juif surgissent sans prévenir, au détour de jolies descriptions – tous ces voisins et ces proches disparus, « les retrouver un jour serait aussi invraisemblable que de découvrir soudain le cadavre d’Homère ou d’Alexandre le Grand ». Ils appartiennent à un monde révolu, où les offenses et le mépris n’avaient pas encore cours. La mélancolie de Leonid Tsypkin mélange les première et troisième personnes du singulier, le présent et le passé, Moscou et Minsk. « Il se rendit soudain compte qu’il était marié depuis quelques années déjà et qu’il avait tout simplement perdu la notion du temps, comme il arrive au cours d’une fête quand on s’aperçoit que le jour va bientôt se lever et qu’il est temps de rentrer », réalise Boris Lvovitch. Mais il n’y a plus, pour l’auteur comme pour son personnage, nul lieu où revenir, sauf celui que construit l’écriture.
Camille Cloarec

Le Pont sur la Nerotch
de Leonid Tsypkin
Traduit du russe par Macha Zonina,
Christian Bourgois, 336 pages, 19
e

Le Matricule des Anges n°174 , juin 2016.
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