Un livre

La Vie est faite de ces toutes petites choses

de Christine Montalbetti

Editions POL

Dans quelques heures, la navette Atlantis effectuera son 33e et dernier vol vers la Station Spatiale Internationale, avec à son bord quatre astronautes, douze jours durant. Pour son huitième roman, Christine Montalbetti a bénéficié d’une résidence d’écriture au Centre National d’Études Spatiales. D’où cette fiction intensément documentée. Très vite le ton Montalbetti fait d’humour, d’autodérision et de sensibilité s’installe. Amusée à l’idée d’introduire le lecteur à un monde dont l’opacité est bien compréhensible, l’auteure choisit le pas de côté : celui du hors-champ consistant à montrer les coulisses du spectacle. L’avant-décollage, par exemple, est un bonheur de suspens et de drôlerie. La narratrice semble nous dire que ce que nous nous apprêtons à voir pourrait ne pas avoir lieu : alors que les caméras du monde entier sont là pour assister au départ de la mission ST 135, Kathy Winters, la responsable météo du vol, annonce de gros cumulus au-dessus de Kennedy Space Center… Une fois là-haut, le corps, régi par d’autres lois, produit un rapport différent aux objets et à soi-même : dormir en flottant, voir ses larmes danser autour de soi, assumer qu’une accolade avec son voisin ne dégénère en punching-ball… Mais l’absence de pesanteur peut aussi générer des manques et c’est dans ces intermittences infimes que la pudique mélancolie de Montalbetti affleure. L’auteure s’y abandonne, laissant remonter des souvenirs d’enfance, nous confiant ce qui se joue à la table d’écriture jusqu’à ce moment où, seule dans le métro, elle s’interroge : « est-ce qu’il y aurait (…) de la littérature s’il n’y avait pas de regret ? » Entre impesanteur et attraction terrestre, Montalbetti nous place en orbite d’une expérience de lecture réjouissante.

Christine Plantec

La vie est faite de ces toutes petites choses
de Christine Montalbetti
P.O.L, 328 pages, 17,50 €