La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français La grosse suée d’Incardona

avril 2017 | Le Matricule des Anges n°182 | par Julie Coutu

Sous ses airs de légèreté, Chaleur est un roman grinçant, drôle et triste.

Intéressant : « Les Finlandais aiment faire la fête en groupe pour oublier l’isolement de l’hiver et fêter l’arrivée des beaux jours ». Ils sont donc spécialistes des concours et compétitions saugrenus : porter d’épouse, football en marécage, lancer de téléphone portable. Directement inspiré d’un improbable et néanmoins tragique fait divers, Chaleur, de Joseph Incardona, se penche sur le championnat du monde de sauna et mixe pêle-mêle un colonel de l’armée russe à la retraite, une star locale de porno hélas sur le retour, une série de personnages secondaires portraiturés à des degrés divers de grotesque ou de pathétique, un soupçon de nature sauvage : fjord, boue, moustiques. Le tout à Heinola, à 138 km au nord d’Helsinki. 20 000 habitants et pas grand-chose à faire. « On s’y emmerde un peu. La nature a vite fait d’emmerder l’homme. Conséquence : ça picole dur. Mais surtout : l’homme recherche l’homme. » Une quête qui passe par la chaleur : Heinola était, jusqu’en 2010, la capitale mondiale du sauna.
Chaleur sous ses airs de roman léger et divertissant s’avère un récit tout à la fois grinçant, mordant, désabusé, balançant habilement entre envolées cyniques, trivialité douteuse, espoir et tragique. C’est une histoire d’hommes et d’orgueil. Igor, petit homme effacé, qu’on découvre mourant, vice-champion du monde du sauna, défie Niko, force de la nature peroxydée, champion en titre fatigué. À Heinola se croisent, outre les concurrents, des journalistes en quête de scoops, des pin-up en quête de rôles. L’alcool coule à flots, les cabines restent chauffées à 110 degrés. L’atmosphère a de ces airs de fin de règne : « Comme ça je vais droit dans le mur », pense Niko. « À vingt secondes près, c’était la porte, la défaite, et la mort », constate Igor. Au-delà de l’absurde ? La vanité, et la souffrance, et cette terrible humaine détermination : « Hé Popeye, tu te souviens de quand on était éternel ? » Les enjeux paraissent dérisoires ? Aucune importance. Ce qui compte, c’est cette volonté d’aller au bout, la naissance de l’obsession, la manière dont la lassitude grappille, petits morceaux de temps, d’envie, de rage, d’espoir. Chaleur est un roman drôle, triste et fou, qui ne recule devant rien et réécrit le réel, réinventé comme matière à travailler et travailler encore. Pour aller au fond des choses, trouver le point de rupture. Parachever cette quête de soi qui se fixe pour objectif l’absurde devenu essentiel, justifiant tous les débordements, y compris lyriques : « Pour espérer l’emporter, il faut avoir essoré l’âme : levier magique au bout duquel brille le diamant de la bravoure. » Façon tragédie, et redoutablement bien écrit. Julie Coutu

Chaleur, de Joseph Incardona
Finitude, 160 pages, 15,50

La grosse suée d’Incardona Par Julie Coutu
Le Matricule des Anges n°182 , avril 2017.
LMDA papier n°182
6,50 
LMDA PDF n°182
4,00