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Domaine étranger À rude épreuve

juin 2017 | Le Matricule des Anges n°184 | par Camille Cloarec

Arlene Heyman explore les relations amoureuses du 3e âge : drôle et féroce.

La traduction française, Tard dans la vie, l’amour, poétise le titre originel, cru et direct, Scary Old Sex. Car c’est bien l’amour physique chez les personnes âgées qui relie les sept nouvelles d’Arlene Heyman, laquelle se considère comme « une exploratrice de la vie sexuelle électrisée » des retraités. Cette psychiatre américaine de 74 ans nous livre une observation savoureuse de ce qu’est la vie de couple chez les seniors.
La première nouvelle, « Les amours de sa vie », annonce la couleur. Marianne revient d’un brunch avec son fils. Stu est comme d’habitude devant l’ordinateur. Ils s’apprêtent à faire l’amour, et cela « exigeait autant de préparatifs qu’une guerre à mener : établir des plans, disposer d’un équipement en parfait état, déployer les troupes et les coordonner au millimètre près, écarter toute action rebelle de peur que le pays vaincu se retrouve à feu et à sang. » Arlene Heyman ne nous épargne aucun détail, des remontées acides au Viagra en passant par les chairs flasques. Ce récit cru, tout sauf érotique, met en scène un acte planifié et mécanique, qui s’inscrit dans la journée entre les courses et le ménage. Mais, s’il a perdu sa spontanéité, il reflète tout de même une forme d’attachement indéfectible – attachement fidèle, ambigu, complexe.
Les narratrices d’Arlene Heyman sont majoritairement féminines. Elles ont pour la plupart perdu précocement leur premier conjoint, se sont remariées, et posent sur leur quotidien un regard acerbe. Ainsi en est-il dans « Rien d’humain », où un couple en croisière se dispute en plein milieu de la nuit pour une histoire stupide (« Chéri, tu t’es lavé les mains après avoir fait pipi ou autre chose dans la salle de bains ?  »). Si les femmes portent à leurs maris un amour réel, elles ne peuvent cacher une déception prégnante à leur égard. La nonchalance, la faiblesse et la mollesse semblent être autant d’attributs propres aux mâles vieillissants. À leur décharge : la maniaquerie de leurs épouses.
L’auteure s’intéresse également aux relations non consensuelles. L’étudiante Leda et son professeur de Beaux-Arts (« un homme de son âge qui avait une liaison avec une enfant devrait se faire examiner les couilles »), Ann et Matt qui s’aiment malgré la leucémie de ce dernier, sont autant d’exemples tout à la fois représentatifs et singuliers de ce que l’amour peut être. Les doubles vies cachées si longtemps éclatent au grand jour, les familles recomposées se déchirent, les colères contenues débordent. Affection, dépendance, désir, dévouement, culpabilité, habitude, nécessité… Arlene Heyman approche l’amour dans ce qu’il a de plus obscur, et de moins « élégant » : un mystère à jamais inexplicable, sans règle ni âge.
Camille Cloarec

Tard dans la vie, l’amour,
d’Arlene Heyman, traduit de l’américain par Anne Rabinovitch, Christian Bourgois, 272 pages, 20

À rude épreuve Par Camille Cloarec
Le Matricule des Anges n°184 , juin 2017.
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