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Domaine étranger Le bonheur au quotidien

octobre 2017 | Le Matricule des Anges n°187 | par Thierry Guinhut

Après La Servante écarlate, l’anti-utopie de Consilience, par Margaret Atwood.

C’est le coeur qui lâche en dernier

Un rêve devenu réalité »… Pour Stan et Charmaine, habitués, depuis la crise économique monstrueuse qui a balayé le pays, à vivre confinés dans leur voiture, dans une hygiène douteuse, dans un monde qui est « une décharge en décomposition », harcelés par la délinquance et la criminalité, les jeux sont faits : la ville de Consilience a la beauté utopique et la sécurité promises sur sa publicité télévisée. On devine qu’il y a anguille sous roche.
Évidemment, il faut sélectionner les plus présentables, les plus capables, et cette épreuve est une broutille pour nos deux impétrants. Or, « les villes jumelles de Consilience/Positron » ont pour ambition de régler conjointement les problèmes du chômage et de la criminalité, en des établissements pénitentiaires inédits : « prisonnier un mois, gardien ou employé de la ville le mois suivant » pour « condamnés + résilience. Un séjour en prison aujourd’hui, c’est notre avenir garanti ». Le maximum de bonheur possible est en jeu. Que ne ferait-on pour la sécurité, un travail assuré, la propreté, une vie de couple heureuse, bien que dans le temps Positron, les hommes et les femmes soient séparés. Et puisque l’on alterne liberté apparente et incarcération laborieuse en tenue orange, un autre couple, les « Alternants », occupe votre appartement. D’où le mystère : qui sont-ils, surtout si un message caché, « Je suis affamée de toi  », d’une certaine Jasmine à un certain Max, affole Stan. Quant à Charmaine, qui sait si elle ne court pas une aventure, en dépit de « Surveillance », au point de se retrouver coincée un mois de plus…
Jusque-là on ne comprend guère en quoi ce système peut résoudre la criminalité. Mais qui aurait envie d’être un mois criminel pour se retrouver ensuite sous le coup d’une vengeance ; à moins que ce soit « pour le fun  », auquel cas les « gros bras » se volatilisent ; en fait sont gentiment euthanasiés… par Charmaine.
Pas si folle est l’hypothèse de l’écrivaine qui oscille entre science-fiction et théorie politique. Entre ses deux protagonistes, elle alterne les points de vue. Qui eux-mêmes se retrouvent piégés dans leurs jeux par la douce et néanmoins impitoyable tyrannie, puis par une secrète rébellion. Car la liberté de la presse est une menace, la « bluette simili-gothique » vient frôler la terreur, la construction de grotesques robots sexuels côtoie en sous-main le trafic d’organes et de « sang de bébé ». Quand Charmaine verra qu’elle doit soumettre Stan à la « procédure  », que décidera-t-elle ? Une intrigue se nouera-t-elle avec Ed, le « gros fromage » de Consilience, qui fomente de programmer l’amour, comme ses robots sexuels ? Stan s’échappera-t-il ?
Plus dynamique que l’écriture à la beauté hiératique de La Servante écarlate (1987) – cette tyrannie qui confine les femmes au strict rôle procréatif et qui a le succès que l’on sait –, C’est le cœur qui lâche en dernier préfère l’action et le suspense, voire le grand-guignol, montrant que le cœur, ce moyeu de l’amour, voire du sexe et des fantasmes, induit les individus à mille transgressions, malgré le cadre bien huilé du bonheur obligatoire de Consilience. On eût d’ailleurs aimé que ce titre, laconique, mystérieux, fût choisi par l’auteure, au lieu de celui empreint d’un niais sentimentalisme.
La Canadienne Margaret Atwood est coutumière des catastrophes qui ravagent l’humanité. Dans sa trilogie MaddAddam, elle postulait une peste créée par l’homme pour initier une société où des animaux transgéniques côtoient une nouvelle espèce humaine : les « Crackers ». Les rares survivants oscillent entre des sectes religieuses ou écologiques ; bientôt «  Snowman » n’est plus que le « Dernier homme ». D’une manière plus modérée cette fois, elle reste fidèle aux anti-utopies, celle de Consilience se faisant à la fois doucereuse, inquiétante et clownesque.

Thierry Guinhut

C’est le cœur qui lâche en dernier, de Margaret Atwood
Traduit de l’anglais (Canada) par Michèle Albaret-Maatsch,
Robert Laffont, 450 pages, 22

Le bonheur au quotidien Par Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°187 , octobre 2017.
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