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Dossier Juan José Saer
Perdus dans l’immensité

janvier 2018 | Le Matricule des Anges n°189 | par Guillaume Contré

Deux rééditions de Saer montrent l’ampleur de sa poétique, que ce soit sous la forme d’un récit mythologique ou d’un essai digressif.

L’Ancêtre, roman-clé dans l’œuvre de Saer, part d’un fait réel : en l’an de grâce 1516, le navire de Juan Díaz de Solís, battant pavillon espagnol, débarque sur les rives du Río de la Plata. Le capitaine et ses hommes ont à peine le temps de mettre pied à terre qu’ils sont massacrés par une tribu cannibale. Seul en réchappe le mousse de 17 ans qui, captif, vivra avec les Indiens pendant dix ans avant d’être secouru par une nouvelle expédition. Partant de cette base très romanesque, Saer, plutôt que d’écrire un roman historique convenu, invente un récit fascinant qui sert également de mythe fondateur aux obsessions qui sous-tendent toute son œuvre.
Le narrateur de L’Ancêtre n’est autre que le mousse qui, au soir de sa vie, couche par écrit l’expérience unique lui ayant été donnée de vivre. Une expérience qui constitue le centre même de son existence, ces dix années passées chez les Indiens Colastinés, ceux-là mêmes qui, lors d’une orgie aux excès en tous genres que le texte nous décrit par le menu, ont fait subir à ses ex-camarades un tourment consistant d’abord à les découper en morceaux, puis à les faire cuire avant de les manger.
Sans jamais tomber dans l’exercice de style, Saer propose la recréation d’une voix aussi invérifiable que crédible. Ne jouant pas tant la carte de l’archaïsme un peu forcé que celle d’une langue au lyrisme exigeant, à la prosodie envoûtante – c’est-à-dire loin de tout ventriloquisme et en maintenant intacte l’ampleur musicale de son style – Saer nous met dans la tête d’un homme qui, ayant vécu une expérience sans commune mesure, va tenter sa vie durant de la comprendre.
Partant d’une référence explicite au roman d’aventures (le port, les marins, les prostituées, la grande traversée, etc.), L’Ancêtre propose un parcours qui, pour un livre d’à peine deux cents pages, s’avère des plus vastes et nous plonge dans une méditation philosophique subtile. Ce qui permet à l’auteur la recréation minutieuse d’une cosmogonie où il est moins question de divinités que d’un réel impossible à appréhender avec lequel il faut pourtant composer. Et cette tribu, pour qui le mot « être » se dit « paraître », a une conception du monde très surprenante. Une écrasante responsabilité, plutôt, comme si l’existence même de la réalité reposait sur leurs épaules. Perdus dans l’interminable pampa, à peine sortis de la glaise originelle, ces Indiens ne peuvent compter sur personne. D’où la discipline qu’ils s’imposent en permanence, tels des gardes suisses, jusqu’à ce que, une fois l’an, le vernis craque : vient alors le moment d’aller « faire ses courses » dans une tribu voisine et de revenir avec quelques cadavres qui constitueront la « bonne chère » d’une nouvelle orgie.
Les Indiens de Saer ne sont ni de bons ni de mauvais sauvages, pas plus qu’ils ne sont le symbole de quelque douteuse projection de l’homme civilisé, se contentant d’être la métaphore fondamentale de ce que nous sommes tous : des êtres condamnés à...

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