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Domaine français Apostumes : Pages de carnets

février 2018 | Le Matricule des Anges n°190 | par Emmanuel Laugier

Apostumes : Pages de carnets

À la définition que l’on trouve du mot « apostume », on peut y préférer celle que Jean-Luc Sarré lui donne : « apostille posthume  ». Pas d’anagramme indécollable entre ces deux mots-là (donc), mais entre « cancre et cancer  », comme il l’écrit, cette « fâcheuse  » se vérifie assurément. L’un des sujets de ce nouveau volume de notes choisies de divers carnets, loin d’être anodin, ne cesse d’être l’amorce de bien d’autres « choses vues », par lesquelles le crabe sus-nommé vient à être comme éloigné, tutoyé autant que méprisé, renvoyé souvent à un vulgaire compagnon. Au commun, Sarré sait pourtant que l’on n’échappe pas, nonobstant tout ce qui, dans le meilleur des pages de ce moraliste d’un autre siècle, s’applique à en relever sévèrement les limites, la petitesse, la lâcheté, l’horreur… Il va sans dire que si Sarré ne se sait pas moins attaché à ce qu’il décrit, parfois cavalièrement (et le sachant), souvent en quelques lignes sabrées, son élégance, de cavalier rare, est toute interne à sa langue, précise et précieuse à la fois, c’est-à-dire retenue et pleine d’élan gamin, savante et naïve, prosaïque, pensive, tout comme put l’être celle de Perros dans ses Papiers collés. Depuis Rurales, urbaines et autres (Fourbis, 1991), Jean-Luc Sarré poursuit, œil infatigable et scrutateur micro-balzacien de la comédie humaine, cette pratique de la note qui entremêle l’esprit des maximes de Chamfort à celui, anarchiste-dadaïste, de Louis Scutenaire (cité d’ailleurs p. 134). Il partagerait d’ailleurs volontiers l’affirmation suivante « Ne parlez pas de moi, je suffis à la tâche », dont on peut trouver souvent des équivalents, tel cet étonnement : « Il est étrange tout de même que ma propre laideur puisse me laisser indifférent  ». Sans doute Sarré eût-il écrit la même maxime en référant sa propre « beauté » que nous l’eûmes pas moins trouvé juste. C’est tout son art de la lecture, de soi au presque rien, et tendu vers la masse monstrueuse de l’actuel, que Jean-Luc Sarré avoisine alors.

E. L.

Apostumes de Jean-Luc Sarré
Le Bruit du temps, 242 pages, 15

Le Matricule des Anges n°190 , février 2018.
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