Sur la côte landaise, deux événements vont se produire, finir par se rejoindre et se télescoper. Et Pascal Dessaint de construire son roman à travers une double narration, en alternant la voix des deux personnages principaux qui vont se retrouver au cœur de ces événements. D’un côté Alexis, quadragénaire, exportateur de bois sans scrupules, qui n’a en tête que de s’enrichir. Il a rendez-vous chez Raphaël, propriétaire d’une villa en bord de mer, construite illégalement sur un domaine préservé, et un de ses associés, Emeric. Raphaël a un problème sur les bras qu’il doit régler, et souhaite que les deux autres lui prêtent main-forte, mais voilà, pour cela, il faudra se résoudre à commettre un meurtre… D’un autre côté Boris, un naturaliste qui a choisi le mauvais camp, à qui on a confié la mission de défendre un projet d’enfouissement de déchets toxiques sur un site naturel, et qui se retrouve face à des écologistes cherchant à contrer ce projet en créant une Zone à Défendre, ainsi qu’une espèce rare de libellules à sauvegarder…
À ces deux trames, s’ajoutent plusieurs personnages et destins qui vont s’entremêler. Mais si Pascal Dessaint bâtit son intrigue pour donner une ossature romanesque, c’est avant tout pour mettre en valeur son sujet, ou plutôt ses sujets : tour à tour on aborde ainsi la mondialisation, la corruption, le règne de l’argent, les migrants, et une ZAD qui n’est pas sans rappeler Sivens ou Notre-Dame-des-Landes. Des sujets abordés sans angélisme ni militantisme, et non sans une pointe d’ironie (on observe par exemple le personnage d’Alexis qui abat des forêts à tour de bras, mais prête une oreille tendre à sa compagne qui n’a de cesse de lui parler d’empreinte carbone ou de protection des grands singes…). Plus profondément encore, avec la protection de l’environnement en toile de fond, c’est bien au traitement de la nature en tant que telle, à son observation, au questionnement de la place de l’humain au cœur du règne végétal ou animal que l’auteur nous invite à réfléchir : « Comment peut-on respecter la nature en niant la nature ? »
L. D.
Un homme doit mourir de Pascal Dessaint
Rivages/Noirs, 240 pages, 8 €
Domaine français Un homme doit mourir de Pascal Dessaint
septembre 2018 | Le Matricule des Anges n°196
| par
Lionel Destremau
Un livre
Un homme doit mourir de Pascal Dessaint
Par
Lionel Destremau
Le Matricule des Anges n°196
, septembre 2018.