La Mort par les plantes
Editions Vies parallèles
On ne saurait reprocher à l’Autrichien Helmut Eisendle de tromper sur la marchandise, rarement titre de livre n’aura été aussi précis et aussi juste : La Mort par les plantes propose, « à l’usage du malfaiteur asthénique », exactement ce que son titre annonce, à savoir un guide détaillé, images et descriptions à l’appui, de trente-trois plantes dont l’ingestion peut s’avérer mortelle, ou si ce n’est mortelle causer de sérieux dégâts (dont la liste exhaustive est offerte sous forme d’index final : « Bégaiements et balbutiements », « Emballement du cœur », « Crises d’étouffements », « Membres figés », mais aussi « Faire la queue devant les toilettes », « Ne distinguer les choses qu’avec des lunettes » ou encore « Pousser son grand-père sous les roues d’une voiture »). On l’aura compris (et si jamais ce n’est pas le cas l’éditeur nous le rappelle discrètement dans une note), il s’agit d’une œuvre de fiction possédant pourtant tous les atours d’un véritable manuel. Ainsi, les plantes décrites (Datura, Ciguë aquatique, Patience sauvage…) sont toutes on ne peut plus réelles et disponibles à qui voudra les cueillir. Après une description rapide de l’aspect de chaque plante, de leurs propriétés, effets, doses minimales et maximales, l’auteur propose un « cas » d’utilisation pratique où l’humour noir fait mouche (une employée de maison, par exemple, se venge du couple riche pour lequel elle travaille en versant dans leur bain « une tasse de suc jaune-rouge de grande chélidoine », ses victimes se retrouvent rapidement la peau couverte d’affreuses cloques). Mais tout cela ne serait qu’un (intelligent) divertissement s’il n’était précédé d’une introduction à forte teneur philosophique et politique (à tendance insurrectionnelle) interrogeant les notions de responsabilité et de nécessité, et surtout la notion de pouvoir exercé sur une majorité « asthénique » par une minorité « sthénique ».
Guillaume Contré
La Mort par les plantes de Helmut Eisendle
Traduit de l’allemand par Catherine Fagnot,
Vies parallèles, 160 pages, 20 €