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Domaine français Les mystères d’Hollywood

juin 2019 | Le Matricule des Anges n°204 | par Guillaume Contré

Dans un livre gigogne, Alessandro Mercuri passe du coq à l’âne pour mieux faire de la fiction d’Hollywood une archéologie du réel comme fiction.

Si l’Amérique, pour le meilleur et pour le pire, est une grande machine à mythes exportables et multipliables tels des petits pains, elle a son centre névralgique – le chaudron où ne cesse de bouillir sa frauduleuse potion magique – en nul autre endroit qu’Hollywood, Los Angeles, Californie. C’est bien là, ou juste à côté, dans la ville de Guadalupe, que nous emmène l’écrivain et réalisateur franco-italien Alessandro Mercuri dans son quatrième livre. Mercuri a le goût du jeu doublé de celui de l’érudition. Non pas celle du savant aux prétentions œcuméniques ; celle, plutôt, d’un historien improvisé qui accumule les faits, les lieux, les dates, les contradictions, pour mieux pulvériser ces bribes de culture en un grand kaléidoscope aux reflets trompeurs. Et c’est aussi – voire surtout – un enquêteur armé d’une passoire en guise de loupe, afin que l’objet de son enquête, l’énigme fuyante qu’il prétend résoudre, se glisse mieux à travers les mailles du filet.
Holyhood est ainsi un livre qui annonce dès son titre que toutes les déformations seront non seulement possibles mais souhaitables. La Mecque du cinéma industriel, la fameuse « usine à rêves », devient entre ses mains le lieu de tous les mystères sacrés (« holy ») cachés dans les bois (« hood ») de ce monde de strass et de pacotille. La Californie est pour lui une « île imaginaire autrefois perdue dans la fiction » qui ne l’aurait en réalité jamais quitté.
De fait, découvre-t-il en s’interrogeant sur l’origine du nom de cet État passé des mains des Espagnols à celles des Mexicains avant d’être accaparé par celles expansionnistes des États-Unis, la Californie aurait été nommée de la sorte en 1535 par Cortés d’après le nom d’une île imaginaire décrite en 1510 dans un de ces romans de chevalerie ayant fait tourner la tête à Don Quichotte. Il faut dire que les conquistadors avaient d’abord cru que la Californie était réellement une île. Mais ne l’est-elle pas au fond ? Ne serait-elle pas la superposition de couches en carton-pâte d’une civilisation disparue ? « Ainsi », propose l’auteur, « Hollywood serait la réincarnation de l’ancienne Lémurie comme si elle en avait perpétué les pouvoirs magiques par d’autres moyens : ses fictions cinématographiques. »
Le livre trouve en tout cas son point de départ (qui en est aussi un d’arrivée, à moins qu’il ne s’agisse d’un rond-point) dans l’évocation des ruines d’une antique cité égyptienne enterrée dans les dunes d’une plage au nord de Los Angeles. Quèsaco ? se demandera le lecteur trop pressé, c’est-à-dire bêtement cartésien Pas de panique, tout cela n’est, bien sûr, que du cinéma. Un décor, en l’occurrence, celui – pharaonique – de la première version des Dix commandements de Cecil B. DeMille, méga production muette qui fut l’un des films les plus chers de son temps. Mercuri creuse dans le sable et ne cesse d’y trouver des trésors qui, par association d’idées, le mènent de l’arbre généalogique de David à l’Atlantide, de Platon à cet étrange animal pouvant vivre plusieurs millénaires, l’éponge ; il croise Ed Wood, Jules César et Saddam Hussein, des hôtels de luxe devenus des bouges puis des ruines puis des fantômes ; l’histoire du cinéma, l’histoire avec un grand H et son histoire personnelle.
Tout y est absolument vrai mais pourrait être faux, ou l’inverse. Et quand, emporté dans son élan, la place lui manque, il se laisse envahir par les notes en bas de page. Dire de ce livre qui fuit toutes les catégories (essai, fiction, biographie, bibliographie…), plein d’humour et empreint d’une intelligence ludique et mélancolique, que sa lecture est jubilatoire serait peu dire. Redonner à l’érudition et aux jeux qui l’accompagnent toute sa fraîcheur n’est pas si facile. Alessandro Mercuri y parvient haut la main.
Guillaume Contré

Holyhood Vol.1 – Guadalupe, California, d’Alessandro Mercuri
Art&fiction, 212 pages, 12

Les mystères d’Hollywood Par Guillaume Contré
Le Matricule des Anges n°204 , juin 2019.
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