Un livre

Satan dans le desert

de Boston Teran

Editions Gallmeister

Voilà une riche idée que de rééditer le premier roman de Boston Teran, pseudonyme d’un auteur américain dont on ne connaît ni l’identité ni le visage, et dont cinq romans sur la dizaine publiée aux États-Unis ont paru en France. Satan dans le désert est sans nul doute une pépite du noir, un de ces romans coups-de-poing qui vous saisissent dès les premières lignes, une sorte de western contemporain violent et sans pitié.
Tout commence par un massacre, les corps d’une femme et d’un homme retrouvés assassinés de la pire des manières. La femme est l’ex-épouse de Bob Hightower, un flic pépère, qui quitte rarement son bureau, dans le confort duquel il ne veut surtout pas qu’on le dérange… Seul problème, Gabi, sa fille de 14 ans, était avec sa mère au moment du drame, et a disparu. L’enquête piétine, jusqu’à ce qu’Hightower tombe sur Case Hardin, une junkie, ancienne adepte d’une secte délirante, qui va le mener sur les traces de Cyrus, le psychopathe qui a kidnappé sa fille. Tout un monde va alors s’ouvrir à ce petit flic, pas du tout prêt à se lancer dans un périple sanglant, un voyage au bout de l’enfer où se mêlent meurtres rituels, drogues, viols collectifs, tortures, et autres débordements de folie pure. On pourrait craindre une succession brute de tueries, pour emballer le lecteur dans un tourbillon un peu gratuit, mais tel n’est pas le cas dans ce roman bien construit, alternant les chapitres consacrés aux protagonistes, écrit dans un style sec, sans fioritures, et qui, justement, parvient à nous embarquer, de dialogues percutants en scènes suffocantes, dans une traque sanglante où il devient difficile de distinguer le bien du mal. « C’est pas à l’Amérique propre et puritaine que vous avez affaire, sur ce coup-là. Cette merde, c’est l’enfer. Une histoire de drogue, de sang et de foutre, déjanté, à un point que vous n’avez pas idée. »

L. D.

Satan dans le désert de Boston Teran
Traduit de l’américain par Erik Holweck,
révisé par Marc Boulet, Gallmeister,
« Totem », 440 pages, 11,20 €