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Théâtre Le sens de la joie

juin 2020 | Le Matricule des Anges n°214 | par Laurence Cazaux

Trois ouvrages pour partir en voyage avec Fabrice Melquiot et réactiver « les forces désirantes ».

Alice traverse le miroir

Melquiot backstage : entretiens

Fabrice Melquiot est un auteur prolifique. Deux nouvelles pièces, une adulte et une jeunesse, sont consacrées à des figures féminines qui ont rêvé leur vie : Diane et Alice.
Diane est librement inspirée de la vie de Diane Arbus, photographe américaine née en 1923 dans une riche famille juive new-yorkaise. Comme le raconte Allan, son mari : « C’est l’histoire d’une princesse qui descend dans la rue. » Il poursuit  : « Elle descend dans la rue et elle commence à regarder. Regarder les gens, les autres gens, ceux qui sont dans la rue. Ceux qui ne sont pas comme elle. C’est une princesse qui, en pleine rue, arrache ses vêtements de princesse. »
Après avoir été photographe de mode, Diane rôde dans la ville de New York : « Errer autour de Times Square, de jour comme de nuit. Je vais parler aux paumés, aux insomniaques. Photographier les clochards de Grand Central. Les bossus, les paraplégiques, les garçons à bec-de-lièvre, les gamines pleines d’acné. Ecumer les petits cirques dans les villes-dortoirs, ce sera mon truc. » Elle peut passer des heures pour tirer le portrait de ceux qui portent leurs failles sur leur visage et qu’elle voit comme des rois.
Diane bouscule l’univers de la photographie, en montrant la beauté, le trouble, l’étrange ailleurs que là où on les cherche habituellement. Elle est tout entière dans la rencontre avec l’autre. Dans ce texte, en parallèle de la vie de Diane Arbus, est déroulée une liste des grands événements qui secouent le monde dans la même période. Comme si l’intime rejoignait le politique.
Diane nous interpelle par la vibration qui émane d’elle, comme une mise en danger permanente. Elle brûle sa vie et se suicidera en 1971.
Elle prédit : « Un jour les gens seront devenus tellement cons qu’ils échangeront des photos de chiens contre des photos de chats. Ce sera leur passe-temps à la con. Des photos de chienschiens et de chachats avec des gros cœurs dessus. » Un miroir nous est tendu. Il nous faut oser : « si vous êtes née une seule chose, vous pouvez oser – c’est une aventure – devenir dix mille autres choses. »
Oser, oser et décider. Comme dans la pièce Alice traverse le miroir. La jeune fille veut bien croire aux choses impossibles comme manger des pendules pour ralentir le temps, ou entendre un pudding réciter un poème en langue pudding. Fabrice Melquiot lui fait rencontrer trois autres demoiselles, Dorothy échappée du Magicien d’Oz, Zazie sortie du roman de Queneau et Rose Dupont, en train de lire l’histoire d’Alice allongée sur son lit, et qui meurt d’envie de traverser le miroir elle aussi, pour ouvrir des portes imaginaires.
Une belle invitation de Fabrice Melquiot à rêver sa vie et regarder l’avenir avec des yeux de petite fille sans âge véritable.
Enfin, pour poursuivre notre traversée « melquiotesque », un conseil, lire Melquiot basckstage. C’est un livre sensible et vibrant structuré en trois entretiens. Le premier sur l’homme et ses voyages, le deuxième sur l’écriture et le troisième sur sa pratique théâtrale.
On y découvre Fabrice Melquiot, l’amoureux : « L’amour est souvent un point de départ. En lui, tout est vital. » L’amoureux du théâtre également, auquel il rend un magnifique hommage tout au long du livre : « Le théâtre est lieu du désir. Au sein d’une assemblée, en organisant une rêverie collective, on sonde les désirs individuels, avec l’effort d’empathie pour instrument de recherche, avec l’amour pour condition. »
On comprend pourquoi Fabrice Melquiot nous est essentiel. Parce qu’il questionne le sens de la joie avec ces deux questions : « Comment réactiver les forces désirantes ? » et « Comment rouvrir les espaces désirables ? »
Le troisième entretien se conclut par ces mots : « Il faut continuer d’embrasser et d’embraser les théâtres avec un esprit libre, en écrivant des poèmes sur les murs, en organisant des cortèges chantants à travers la ville, en rappelant à ceux qui ne nous ressemblent pas la passion qui nous impose de mettre le théâtre au centre de nos vies. Comme si tous les théâtres étaient des granges à réinventer, dans un paysage grand ouvert. Sans cynisme et sans pose, sans culte de la mondanité, sans obsession de reconnaissance. Aux antipodes de l’art officiel, non ? » Une vision tout à fait réjouissante.

Laurence Cazaux

Fabrice Melquiot, Diane, 96 pages, 13
Alice traverse le miroir, 96 pages, 11
Melquiot backstage Entretiens avec Marie-Amélie Robilliard et Frédéric
Vossier, 144 pages, 22 - L’Arche

Le sens de la joie Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°214 , juin 2020.
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