En 2013, Yassin Al Haj Saleh, dissident syrien, quitte son pays pour la Turquie où son épouse Samira doit le rejoindre. Elle est alors enlevée ainsi que d’autres militants dont Razan Zaitouneh, au sujet de laquelle Justine Augier a écrit De l’ardeur. Dédié à Yassin Al Haj Saleh, la journaliste française fait paraître également en janvier 2021 Par une espèce de miracle. L’exil de Yassin Al Haj Saleh. Militants politiques de longue date engagés dans l’opposition au régime, Yassin et Samira participent dès le printemps 2011 à la révolution. Dans ces Lettres à Samira, l’écrivain admet que celles-ci ne parviendront jamais à sa compagne, dont il est sans nouvelles. Il lui fait part de l’évolution de la situation syrienne. Ces missives prennent acte de l’écrasement de la révolution. L’auteur y témoigne avec une grande lucidité du contexte géopolitique qui met la Syrie au premier plan de la scène mondiale. Terreau du terrorisme, la guerre est enclenchée, sans que les grandes puissances mondiales n’empêchent nullement, dit-il, l’extermination du peuple syrien. Selon lui, son pays est le théâtre d’une tension internationale aussi complexe que celle qui a donné lieu à la Seconde Guerre mondiale. Peu à peu, le militant cède la place à l’amant. La portée de ces lettres d’abord politique en devient poétique. Autant de paroles amoureuses qui ici en disent plus long que tout : Yassin choisit ses mots comme autant de gages d’amour, puis Samira surgit à nos yeux dans son absence même. Elle est alors, et ainsi la nomme-t-il, La Disparue. Enfin, déclare-t-il : « contrairement au passé, mes héros aujourd’hui sont essentiellement des femmes. »
Emmanuelle Rodrigues
Lettres à Samira
Yassin Al Haj Saleh
Traduit de l’arabe (Syrie) par Souad Labbize
Préface de Ziad Majed
Postface de Wejdan Nassif
Éditions des Lisières, 118 pages, 17 €
Domaine étranger Lettres à Samira, de Yassin Al Haj Saleh
octobre 2021 | Le Matricule des Anges n°227
| par
Emmanuelle Rodrigues
Un livre
Lettres à Samira, de Yassin Al Haj Saleh
Par
Emmanuelle Rodrigues
Le Matricule des Anges n°227
, octobre 2021.