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Domaine étranger République sourde, d’Ilya Kaminsky

février 2022 | Le Matricule des Anges n°230 | par Feya Dervitsiotis

Dans une ville occupée, les envahisseurs font feu sur un jeune garçon sourd. Désobéissance civile, sidération qui s’éternise ou métaphore de l’assassinat du langage par la tyrannie, tous les habitants sont alors frappés de surdité. Le silence emplit chacun d’eux d’une irréalité figurée par des images denses, sensorielles et picturales : « Le bruit que nous n’entendons pas tire les mouettes hors de l’eau », « le silence siffle comme une allumette lâchée dans l’eau ». Les marionnettistes Sonya et Alfonso Barabinski s’organisent. Dans ce qui semble être un clin d’œil à Heinrich von Kleist, les marionnettes envahissent en retour la ville, elles pendent aux fenêtres ou jonchent les rues. Avec la langue des signes que les citoyens persécutés s’apprennent les uns aux autres, elles incarnent une conscience collective muette et arment contre le martyre à venir – tandis que la nuit, attirés par des filles dans le théâtre, des soldats trouvent la mort. Les représailles frappent, les personnages tombent et l’avenir de la ville, en la personne de l’enfant des Barabinski, circule de main en main.
Deuxième recueil d’Ilya Kaminsky, poète américain né à Odessa et malentendant, République sourde s’apparente plutôt à une suite narrative dont le liant serait poétique. Éclatés en autant d’angles et plusieurs « je », ces poèmes ne se suffisent pas à eux-mêmes mais, solidaires les uns des autres, ils font société et s’agencent en une fable universelle sur l’oppression. Ilya Kaminsky commence et achève son livre par deux poèmes qui nous portent loin de cette ville fictionnelle, dans un pays que l’on suppose être les États-Unis – « notre formidable pays de l’argent » –, d’où il écrit. « Nous vivions heureux pendant la guerre » et « Un pays en paix » enserrent l’horreur asphyxiante du livre. Il y est question de salade d’été, de rendez-vous chez le dentiste et de ciels lumineux. On y entend une autre surdité, la nôtre, face aux guerres en cours.

Feya Dervitsiotis

République sourde
Ilya Kaminsky
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh
Christian Bourgois, 140 pages, 18

République sourde, d’Ilya Kaminsky Par Feya Dervitsiotis
Le Matricule des Anges n°230 , février 2022.
LMDA papier n°230
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