Au début, écrit la romancière Karine Miermont, il y a l’envie de la forêt qu’elle côtoie depuis près de trente ans dans les Vosges. On comprend pourquoi on est happé par ses Vies de forêt, un livre d’imprégnation et de littérature à la fois élégant, engageant et, pour tout dire, passionnant. Sa phrase n’y est pas pour rien qui s’autorise détours, emballements et épingles-à-cheveux pour ne rien manquer du tableau qu’elle a sous les yeux. « Un de ces matins d’automne ensoleillé là-haut, observer deux renards couchés l’un contre l’autre à l’angle Sud-Ouest de la chaume du Tanet, les regarder de loin, dans les jumelles, sans bouger, les voir profiter de la lumière et de la petite chaleur de novembre, comme deux chats qui se délectent du moindre rayon de soleil, comme moi la Méditerranéenne. »
Karine Miermont doit disposer d’un taste-sens, comme il y a des taste-vin. Elle goûte à tout, et, semble-t-il, tout le temps. À l’instar d’un Henry Beston s’imprégnant des embruns du Cape Cod dans La Maison au bout du monde (Corti, 2022), elle s’éprend du paysage, le fouille, note les aspérités, les modifications de couleurs, les allers et retours du vent dans les feuillages, et toute cette vie qui y trouve place. Puis elle en trace le récit, reprend pour nous les histoires de chacun, hommes et bêtes, y intègre les faits et les noms de toute chose. Des êtres humains participent évidemment à ses Vies de forêt qui forment un livre de nature comme on en lit peu, où Karine Miermont a décrit pour nous un monde d’une grande variété avec grâce, précision et intensité.
É.D.
Vies de forêt
Karine Miermont
L’Atelier contemporain, 180 pages, 20 €
Domaine français Vies de forêt
juillet 2022 | Le Matricule des Anges n°235
| par
Éric Dussert
Un livre
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°235
, juillet 2022.