Rêveur, malicieux, plein d’imagination, Didier Dumont raconte dans onze chapitres comme il est né. L’original de son récit, c’est qu’il est né de onze manières différentes : dans une cour d’école, au bord d’un fleuve, au bout d’une corde, après ses funérailles, devant sa fenêtre ou avec une phrase pour tout bagage. Lancé comme une balle, il a beaucoup plus d’une phrase au bout de la plume : auteur de huit romans non publiés, malgré sa fréquentation de Jean Cayrol ou de François-Régis Bastide qui le reçurent pour évoquer ses écrits, Didier Dumont a connu une existence qui autorise toute fiction. Fils d’un fabricant de chars à voile qui les loue sur les plages d’Oostduinkerke sur la côte belge où il naît en juillet 1940, il est chassé avec ses parents par les soldats allemands qui détruisent sa maison. Il grandit à Bruxelles et devient au cours de sa vie enseignant auprès d’enfants caractériels, secrétaire d’un théâtre et même libraire, et il y a là de quoi comprendre la fantaisie grande qu’il s’accorde. « Mais je vais relire l’histoire de la pomme. Il faut vouloir la tranquillité. Simple question de patience. Apprendre à résumer son existence : une larme peur suffire, un cri de détresse, un rire de baleine, un coup de gouet, une pirouette, un chant du cygne, ou de longs discours, si longs, si longs… je suis né entre sorcières et billards, j’ai fait le tour d’une église, les chiens m’ont tous reconnu, j’ai appris à dompter l’ennui, je n’ai pas vu les ruines d’un château mais les arbres qui les cachaient. » Individu sans maître, Didier Dumont est un poète hors-barrière.
É.D.
Je suis né comme un mourant,
Didier Dumont
Éditions du Canoë, 218 p., 18 €
Domaine français Je suis né comme un mourant
septembre 2022 | Le Matricule des Anges n°236
| par
Éric Dussert
Un livre
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°236
, septembre 2022.