Un livre

Plurivers

Un dictionnaire du post-développement

de Collectif

Editions Wildproject éditions

Tandis que s’élabore dans la Silicon Valley le « métavers », cet ultime avatar de la société du spectacle, superjeu permanent où chaque individu manipulera son double informatique au lieu de vivre lui-même (cf. le film Ready Player One), les éditions Wildproject proposent sous le titre Plurivers, un dictionnaire du post-développement, une « compilation transculturelle de concepts concrets, de visions du monde et de pratiques » dont l’idée a jailli en 2014 lors de la 4e Conférence internationale de la décroissance (Leipzig). Des chercheurs, dont Ashish Kothari, Alberto Acosta et Federico Demaria, ont mis en œuvre un panorama de la diversité des points de vue sur le bien-être planétaire et des compétences que nous pouvons déployer en ce sens pour lutter contre le « mal-développement ». En cent articles, Plurivers propose de cultiver une société écologique, joyeuse, juste, et c’est en somme l’affirmation d’une démocratie terrestre vivante qui s’élabore à travers les notions de justice environnementale, de convivialité, de biocivilisations, d’éco-anarchisme ou d’écoféminisme, de néo-extractivisme que sont envisagés les enjeux d’aujourd’hui par des experts et scientifiques de tous horizons.
Organisé autour de trois catégories – crises du développement, solutions réformistes, initiatives transformatrices à travers le monde (la mise en œuvre par les peuples) –, ce dictionnaire a les allures d’une œuvre de résistance collective dont la lecture offre des perspectives dans de nombreux domaines, technique, anthropologique, économique, sociologique pour vivre mieux enfin en proposant une contre-culture efficace à celle, ravageuse, du capitalisme. Commencerions-nous par le kametsa asaike que nous n’en serions pas plus bête. Cette philosophie autochtone du bien-être, qui est celle du peuple Asháninka de l’Amazonie péruvienne, a deux principes principaux : le bien-être n’est possible qu’à travers le bien-être collectif – et « collectif » signifie humains, êtres non-humains et Terre – ; il ne peut être le fruit que d’une pratique délibérée : « pour vivre bien, chacun et chacune doit y travailler ». Commençons par là.

Éric Dussert

Plurivers, un dictionnaire du post-développement,
Wildproject, 508 p., 25 €