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Domaine étranger Melvill, de Rodrigo Fresán

mars 2023 | Le Matricule des Anges n°241 | par Etienne Leterrier-Grimal

Un soir de décembre 1831, en voulant traverser l’Hudson à pied sur la glace, Allan Melvill contracte une fièvre qui le fera mourir quelques semaines plus tard, sous les yeux de son fils, le jeune Herman Melville. De cet événement matriciel issu de la biographie de l’auteur, Rodrigo Fresán tire un de ces romans kaléidoscopiques dont il a le secret et dont il avait déjà donné l’exemple avec Les Jardins de Kensington, consacré au créateur de Peter Pan. L’écrivain argentin y embrasse différents genres, circulant en toute hybridité entre le réel et la fiction, narrativisant la figure de l’auteur, naviguant entre l’écriture romanesque et la réflexion sur l’écriture… Melvill est donc un texte qui alterne les narrations du père Allan ou du fils Herman dans un jeu de voix croisées, relatant l’échec combiné, d’un père petit commerçant et d’un fils auteur, constatant la déroute magnifique de l’acte d’écrire. Le dialogue et l’affection entre eux ouvrent ainsi sur la question de la transmission dans les deux sens, du père au fils, mais aussi du fils au père, ou vers « quelqu’un qui n’est pas de mon sang, mais de mon encre ».
Devenu par la même essai d’analyse psychocritique, Melvill explore par où les choix littéraires d’Herman s’éclairent par les déboires d’Allan (la blancheur de mort de Moby Dick s’éclairant par le motif de la neige ayant tué le père…) Mais surtout Melvill intrigue par sa confiance immuable dans les puissances du récit : ourdissant la trame des voix, multipliant les jeux littéraires, la polyphonie ou la métatextualité pour donner à entendre, finalement, la liberté de la création littéraire. Et l’on y retrouve tout ce qui fait de l’œuvre de Rodrigo Fresán une œuvre à la fois postmoderne et parfois un peu quantique : une tendance des données de l’histoire à se diffracter en éléments insaisissables, tandis que les coordonnées du récit traditionnel s’évaporent, laissant la trajectoire de la narration suivre librement son cours.

Etienne Leterrier-Grimal

Melvill
Rodrigo Fresán
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon
Seuil, 352 p., 23

Melvill, de Rodrigo Fresán Par Etienne Leterrier-Grimal
Le Matricule des Anges n°241 , mars 2023.