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avril 2023 | Le Matricule des Anges n°242 | par Martine Laval

Réédition de Tous les petits animaux, un roman déflagration sur notre in-humanité, entre poésie et cruauté. Troublant.

Tous les petits animaux

Bobby, le narrateur de ce texte aussi merveilleux que dérangeant, a 31 ans. Il se raconte sans filtres, avec cette franchise déconcertante des êtres purs. Il se dit « pas ordinaire », d’ailleurs les « autres » le regardent « comme s’il n’était pas là ». Il fait partie des invisibles, presque des non-existants : « Je devrais être un homme, mais je me sens comme un petit garçon. » Exempté de toute violence, il connaît la peur, la solitude, le désarroi, puis, au fil des pages, lui viendra la colère, ou une sorte de liberté… Tout gamin, Bobby a été percuté par une voiture. Il est demeuré, resté en enfance, au pays de l’innocence. Tous les petits animaux est un livre « magical » comme dit Bobby. Walker Hamilton, l’inventeur de ce Bobby magnifique, est un type lui aussi peu ordinaire, une sorte de comète. Il est né en Écosse en 1934. Son père, un mineur, lui donne la passion des livres. Pourtant, il quitte l’école à 15 ans, fait l’armée, fait l’ouvrier. Son premier roman, ce texte inclassable aujourd’hui réédité, est publié en 1968. Hamilton meurt en 69. À peine plus âgé que son narrateur. Fin brutale d’un écrivain mais pas celle d’un livre. Déniché par Jean-Claude Zylberstein, éditeur chez 10/18, Tous les petits animaux paraît en France en 2000 et fait un carton. Trop étrange, trop émouvant pour demeurer inaperçu, le « magical roman » devient culte. Le relire aujourd’hui reste une aventure qui chamboule, c’est dire la puissance d’une écriture. Cette (fausse) naïveté qui s’apparente à la poésie, ou au désespoir, ou à l’humour, avec ce ton grinçant, triste et gai, éraillé, comme un autre Bobby, Lapointe celui-là, chantant « On l’a mené à l’hôpital/ pour le soigner où il avait mal/Il s’était fait mal dans la rue/Mais on l’a soigné autre part/Et il est mort ! » Chez Walker Hamilton, quand notre héros au cœur gros pleure son unique ami, un certain M. Summers, cela donne : « J’ai fourré ma tête dans son manteau et j’ai pleuré, j’ai pleuré, mais il était toujours mort quand j’ai eu fini. »
Bobby et M. Summers se sont trouvés sur une petite route de campagne des Cornouailles. Bobby l’orphelin fuit le Gros, son beau-père, un ogre. Son mentor, lui, n’a qu’une « seule religion : piéton ». Il est en mission : donner une sépulture à tous ces animaux écrasés par les hordes de touristes, des lapins aux hérissons, jusqu’aux escargots, même si Bobby s’interroge sur leur destination – pourquoi traverser le macadam ? Sans répit, en marge de la société et pelle à la main, les deux compères offrent une dernière demeure, une ultime dignité, à ces petits morts. Ils vont sur les chemins noirs de notre monde avec en tête de sauver le vivant, tout le vivant.
Polar (il n’y a pas que les petits animaux qui meurent) et récit intime, fable enchanteresse et cruelle, plaidoyer pour la nature – on dirait aujourd’hui biodiversité – et satire contre le modernisme à tous crins de nos sociétés, ce roman visionnaire remue fort nos méninges et nos tripes. Des images au noir intense de Mehdi Beneitez accompagnent cette nouvelle édition. À nous de la rendre à nouveau culte. Magical !

Martine Laval

Tous les petits animaux
Walker Hamilton
Traduit de l’anglais par Jean-François Merle
L’Arbre vengeur, 192 pages, 18,50

Maintenant je vais bien Par Martine Laval
Le Matricule des Anges n°242 , avril 2023.
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