Des livres

Les Forçats de la route

de Albert Londres

Les Forcés de la route

de Etienne Bonamy

Editions En exergue

À nouveau remporté par Vingegaard, le Tour de France 2023 appartient déjà au passé. Le passé du cyclisme, justement, deux livres nous y ramènent. Le premier, grand classique de la littérature sportive s’il en est, est signé Albert Londres. Il s’agit bien sûr des Forçats de la route, reportage que le journaliste et écrivain français fit paraître en 1924 dans les colonnes du Petit Parisien. Le titre du second bouquin – Les Forcés de la route – fait évidemment écho au mythique récit de Londres. Ex-rédac’ chef à L’Équipe, Étienne Bonamy y romance la très méconnue épopée du Circuit de France organisé au début de l’automne 1942, donc sous l’Occupation, et pâle imitation de la Grande Boucle interrompue dès le début de la guerre. Avec sa verve épique et piquante, Londres raconte le panache et la panade de l’édition 1924, un « calvaire en quinze stations », dont soixante « pèlerins rescapés » viennent à bout, sur les cent cinquante au départ. Entre dantesque et burlesque, on y retrouve tous les animateurs de la pédale de l’époque : Alavoine, Bottecchia, les frères Pélissier… Prenant appui sur une solide documentation et nourri du témoignage d’un protagoniste de l’époque, le champion désormais centenaire Émile Idée, le roman de Bonamy nous plonge, lui, au cœur d’un peloton embarqué bon gré mal gré dans les quelque 1600 km d’une épreuve disputée dans une France scindée en deux par la ligne de démarcation, qui vire à la farce pour ne pas dire au fiasco. Organisation, officiels, commissaires, journalistes, il nous réserve la meilleure place dans la coulisse. Dans ces pages, les routes de l’histoire du vélo empruntent celles de l’histoire tout court.

Anthony Dufraisse

Les Forçats de la route
Albert Londres, Arléa, 72 p., 7 €

Les Forcés de la route
Étienne Bonamy
En exergue, 204 p., 20 €