Monique Wittig, la déflagration
- Présentation Guériller la langue
- Papier critique Une entrée dans l’arène
- Papier critique Dans la cohorte ailée des mots
- Bibliographie Bibliographie
- Entretien « Faire revenir Wittig sur la scène littéraire »
- Entretien Tracer des voies
- Autre papier Souvenirs anticipés d’une biographe
- Autre papier Savoir vivre avec son accent
- Autre papier Partenariats
En 2022, l’écrivaine et critique d’art Émilie Notéris a publié une forme d’enquête littéraire intitulée Wittig (Les Pérégrines) pour tenter de saisir et d’incarner l’insondable romancière.
Émilie Notéris, votre « Brouillon pour une biographie de Monique Wittig » vient combler un manque. Quel écho a rencontré votre travail ?
L’écriture de ce livre est avant tout le résultat d’une enquête menée pour répondre à cette question que je me suis posée et à laquelle je n’avais pas trouvé de réponse satisfaisante : « Qui est Monique Wittig ? » Je ne crois pas pour autant que l’on puisse dire qu’il vient combler un manque en tant que tel. L’association des Ami·es de Monique Wittig, et notamment Suzette Robichon, ou Yannick Chevalier, Catherine Écarnot, et d’autres encore, ont réalisé un travail considérable pour faire en sorte qu’elle ne disparaisse pas des paysages littéraire et théorique français comme étranger. Sande Zeig et Dominique Samson Wittig, qui sont ses ayants droit, à savoir sa compagne et sa nièce, mais qui ont avant tout vécu une histoire partagée avec Wittig et font partie intégrante de l’Histoire du féminisme, prennent soin de sa mémoire vivante. Ce qui m’a frappé, après la publication de mon livre, c’est la profusion de rencontres principalement dans des librairies militantes, ou organisées par des associations féministes et queers. Je veux dire le croisement entre des publics et des générations qui ne se retrouvaient pas habituellement dans les mêmes espaces et qui se rassemblaient autour de Monique Wittig, qui venaient appelées par la puissance de ses textes, par l’envie d’en apprendre davantage à son propos. Si parfois son œuvre divise dans les interprétations qui lui sont données, force est de constater qu’elle est capable de faire tenir dans une même pièce des personnes très différentes. Et ça, c’est très fort. En tant qu’enseignante en école d’art, je vois aussi à quel point son écriture résonne auprès des jeunes générations, à quel point elle est nécessaire.
Comment estimez-vous que Wittig est lue aujourd’hui ? Plus pour ses idées ou pour la forme de ses textes ?
Il existe autant de lectures de Monique Wittig que de lecteurices et cette multiplicité déborde la catégorie même des genres littéraires et théoriques. Ce que j’ai proposé dans mon livre, c’est un assemblage potentiel des archives et des voix des personnes que j’ai rencontrées et lues. D’autres livres vont suivre et engager à leur tour de nouvelles discussions, un véritable mouvement s’est enclenché depuis quelques années et il n’est pas près de s’interrompre. Il me semble également que son écriture littéraire inspire de nouveau un grand nombre d’écrivain·es, j’en ai interrogé trois de la même génération que moi à la fin de mon livre (Wendy Delorme, Stéphanie Garzanti et Claire Finch). Parmi les plus jeunes on pourrait ajouter à cette liste Léa Rivière ou encore Miel Pagès. C’était depuis la littérature comme « cheval de Troie »...