éditions Eric Pesty
Ouvrages chroniqués

Au pollen
de
J. H. Prynne
2021
D’une rage calme
avril 2021
Le Matricule des Anges n°222
Article non disponible
Celui des « Lames »
de
Anne-Marie Albiach
2013
La voix s’efface/ dans le bruit indécis et insistant / mots qu’il ne prononce pas - ». Ainsi sont les premiers mots de l’ultime texte d’Anne-Marie Albiach, disparue en novembre dernier. Celle qui, immédiatement reconnue par ses pairs à la fin des années 70, livre dans Celui des « lames » une poésie énigmatique et âpre, nous prouve encore une fois combien il est possible de travailler à l’exigence formelle et au contrôle des excroissances lyriques sans que le poème ne confine au formalisme. Il y a que c’est « dans la langue (qu’) elle retrouve la sève première ». Mais ne nous y trompons...
Christine Plantec
juillet 2013
Le Matricule des Anges n°145
Gommage de tête
de
Marie de Quatrebarbes
2018
Tous ces livres qui s’accumulent, se dit-on parfois, ces bibliothèques surchargées, ces piles vacillantes. Pourquoi lire un livre en plus ? En ajouter un à la liste de ceux que nous avons lus, pour quoi faire ? De quoi avons-nous peur, à ériger ces murs de livres ? Quelle béance voulons-nous combler ? De quel vertige espérons-nous nous déprendre ? Lire serait-il devenu un but en soi, un fétichisme ou un leurre à notre désir ?
Plus qu’un livre en plus, ne pourrions-nous pas lire un livre en moins ? Comment dire ? Plus qu’un livre plein de son écriture, de sa confiance en la littérature,...

Oxbow-P
de
Samuel Rochery
2008
Avec son sixième livre, Samuel Rochery explore en pensée-poème le vieux méandre qu’est devenue la forme poétique. Ou comment ne pas sonner son glas.
Au XIVe siècle apparaît dans la langue anglo-saxonne le mot Oxbow : il nomme le bras mort d’un affluent, un méandre. Avec Oxbow-P Samuel Rochery (né en 1976, prix de la Vocation en 2002) nomme donc le méandre-poésie, son bras long et complexe, dont beaucoup chantent régulièrement la mort. Pas lui : on s’en rend compte dès les premières pages lorsque son poème en prose se met à penser à pleines dents, ou tout haut, son propre exercice, les raisons de sa perdurante existence, par ce constat désopilant : « Un homme vit sous le régime du buvard chaste et efficace autant qu’il n’a pas besoin...

Poèmes de cuisine
de
J. H. Prynne
2019
Deux livres, à cinquante ans de distance, échangent des vues, entre la vitesse ouverte de l’enfance et la fin d’une innocence que le commerce des choses et des mots précipite. En une syntaxe inouïe.
Une ruse passe de l’enfance à l’Histoire qu’une fois adulte on ne voit plus. L’enfant, lui, voit et sait tôt tout cela. Comme s’il avait senti avant même de tracer la forme des lettres de l’alphabet et leur dessin tout entier envelopper le sens naissant, la grande H de l’histoire venir couper l’herbe sous les pieds de l’innocence, y compris de celle du langage. Cette torsion entre les mots et les choses, qui rapproche les premiers babils des sonorités futures par quoi s’articulent les mots, et des mots articulés la nomination des choses perçues, est l’expérience même de la sortie de...

La Poésie entière est préposition
de
Claude Royet-Journoud
2007
Articuler, rendre solidaire, faire fonctionner, conférer un sens : Claude Royet-Journoud pense la préposition pour penser la poésie.
Écrire, c’est être capable de montrer l’anatomie. Il faut aller jusqu’au bout du littéral », lit-on parmi les observations et aphorismes qui forment La Poésie entière est préposition, sorte de petite poétique personnelle d’un écrivain qui n’a pas besoin de préciser qu’il « affectionne Aristote et Wittgenstein ». La première phrase citée exprime sans doute le mieux ce en quoi l’écriture est un acte grave : sa précision (« La minutie me fascine ») et sa capacité à éliminer « le muscle » doivent être telles qu’apparaisse la structure même, la charpente irréductible de sens. Pour cela, la...