éditions William Blake & Co
A propos
Un radeau pour quelques solitudes violentes
C’est ainsi que Jean-Paul Michel définit William Blake & Co, sa maison d’édition qui fête ses cinquante ans. Un chemin de livres et une vie vouée aux signes, à la souveraineté de leur sorcellerie et au désir de rendre à l’acte d’art ses vivants enjeux d’être.
S’il est difficile de dire ce que peut un livre, on sait ce qu’il devrait être : une action et un enjeu, un ton et une chance s’offrant sous les auspices d’une beauté d’encre et de papier. Le souci de la forme, de la matérialité, le soin porté à la dimension graphique et visuelle, l’invention, le désir d’associer le texte et la peinture, toutes ces manières d’élever l’édition au rang de l’un des beaux-arts, sont l’apanage des éditions William Blake & Co, fondées et animées depuis cinquante ans par Jean-Paul Michel, qui est aussi l’une des voix les plus singulières de la poésie...
« Un choc émotionnel très ancien »
« Les livres sont fatigués. Il faut les peindre. » Sous la beauté du titre percent un constat et une injonction. Pourriez-vous les développer ?
Jean-Paul Michel : Une injonction, certainement. Mais avec un grain de sel, toutefois, quant au « constat », car, s’il est vrai que les livres ont déjà beaucoup donné, je ne reprends nullement à mon compte l’antienne de leur menace d’épuisement. Ma...
De singuliers ouvrages
Loin de toute standardisation, certains éditeurs jouent la carte de la singularité en proposant des livres d’artistes à prix modeste.Échantillons.
Nous avons déjà évoqué le travail exceptionnel réalisé par des éditeurs comme Encre Marine, l’Éolienne (et ses livres personnalisés) ou Derrière la Salle de bains (son érotisme léger et drôle).Leurs livres n’obéissent guère aux règles commerciales et industrielles qui préconisent une baisse des coûts de fabrication et une augmentation de la diffusion.C’est que la relation recherchée par...
Ouvrages chroniqués

Admirations et Circonstances
de
Jean-Paul Michel
Jean-Paul Michel, alias Jean-Michel Micheléna, qui a écrit jusque là une oeuvre toute poétique nous livre aujourd’hui dix sept proses et un poème, dédiés à des artistes.
Bien que ces textes soient de « circonstances », l’enterrement d’Hervé Guibert, une rencontre avec Michel Foucault, d’« admirations », pour l’oeuvre contemporaine du photographe Bernard Faucon ou celle, ancienne, de la Boétie, ou de circonstances et d’admirations mêlées, la lecture d’un livre de Pierre Bergougnioux ou celle subjuguées d’Ostinato de Louis René des Forêts, ils rendent tous un son d’achèvement et renvoient...

Blanc sur noir
de
Jean-Christophe Bailly
Le poème Blanc sur noir de Jean-Christophe Bailly, écrivain et essayiste, s’étire, verticalement, sur 12 pages. Celui-ci ne saurait pourtant être un amuse-bouche. Blanc sur noir est tel quel un poème d’insomnie écrit d’une traite. Faisant écho à « L’homme poursuit noir sur blanc » de Celan, inversant les deux derniers termes, ce poème s’ouvre d’abord sur des images de neige et de charbon, comme un plan lent de cinéma. Parce qu’un homme se souvient de la traversée du pont de la Spree, à Berlin, de la neige sur des péniches chargées de charbon, il se souvient de Celan, Szondi, Ghérasim...
Cinquante poèmes (suivi de) Les Ailes
de
Yi Sang
2003
Météore fulgurant, Yi Sang a ouvert l’ère de la modernité littéraire en Corée. Ses poèmes mêlent à leur expérimentation ironie et rage.
On connaît peu Yi Sang en France, malgré quelques traductions éparses en revues. Plus de soixante textes, si l’on met de côté sa poésie, se distribuent entre contes, romans, nouvelles ou essais. Ils forment en Corée plus de cinq tomes de ses œuvres complètes. Les Cinquante poèmes ici proposés, écrits entre 1934-36, permettent de prendre la mesure des risques, pas seulement formels, qui conduisirent Yi Sang à se jeter, corps et âme, dans un combat contre le conformisme confucéen qui dominait alors la société. Né à Séoul l’année même (1910) de l’annexion de la Corée par le Japon, dans le...