La rédaction Chloé Brendlé
Articles
Croire au noir
Deux ans après Ceux du noir, Marielle Hubert persiste en signant un deuxième récit âpre et perturbant sur sa mère et l’enfance incurable de celle-ci, Il ne faut rien dire.
Drôle d’adresse au lecteur à l’orée d’un livre que celle-ci : Il ne faut rien dire ! Plusieurs voix se battent dans ce titre, celle de la menace, celle de la peur, celle du défi aussi. C’est en tout cas, à l’heure d’après #MeToo, une injonction qui semble aller à contre-courant des témoignages qui se sont multipliés dans la presse (à propos de Matzneff, PPDA, Depardieu, tant d’autres) et dans les librairies (entre autres La Familia grande, de Camille Kouchner, Le Consentement, de Vanessa Springora et tout récemment, Notre silence nous a laissées seules, de l’actrice Judith Chemla). De...
Un éditeur
Marginalia
Entre érudition et dilettantisme, la collection « La Librairie du XXIe siècle », hébergée par le Seuil, butine aussi bien du côté de l’anthropologie que de la fiction, de l’Histoire que du témoignage. La marque de fabrique d’un éditeur de caractère, Maurice Olender.
Il a publié Jean-Pierre Vernant, Marc Augé, Arlette Farge, Paul Celan, Giorgio Agamben, Yves Bonnefoy, ou encore Luc Dardenne… Il garde en réserve des inédits de Georges Perec et de Claude Lévi-Strauss, prépare le livre d’une jeune auteure sur Alix Cléo-Roubaud. À l’heure où de plus en plus d’écrivains s’approprient la forme de l’essai, au croisement de la réflexion et du romanesque, de la...
Un livre
L' Accumulation primitive de la noirceur
de
Bruce Bégout
Le chaos, bientôt
Toujours plus loin vers les territoires de l’étrange et du terrible, les fictions de Bruce Bégout malmènent notre imaginaire contemporain.
Parkings de nuit, ascenseurs de jour, banlieues sans fin, collèges en ruine, béton armé et friches industrielles, gratte-ciel et trappes souterraines, extension du domaine squattable et des capacités humaines de destruction : bienvenue dans l’enfer des lieux modernes et l’univers de Bruce Bégout. « Il me semble que l’origine du mal dont souffrent les Occidentaux consiste dans la difficulté...
Révolutions du cœur
Dans Naissance d’un pont, Maylis de Kerangal s’intéressait au chantier d’un pont ; dans un nouveau récit haletant, Réparer les vivants, elle retrace l’élaboration – elle aussi collective – d’une greffe, et fait œuvre.
Vous partez prélever à l’hôpital du Havre. C’est un cœur, c’est maintenant. » Entre le corps de Simon Limbres, 20 ans, et celui de Claire Méjan, la cinquantaine, il y a la distance qui sépare Le Havre de Paris, la mer de la ville, la fin de l’adolescence du début de la vieillesse. De la mort du premier dépend la survie de la deuxième. C’est sur ce fil ténu qui pourrait servir à tisser aussi...
Thèse sur un homicide de Diego Paszkowski
Quinze. Quinze avocats, presque tous jeunes. Un bon chiffre, le quinze, ça me va. Pour le moment, aucun n’est arrivé. Ils vont être surpris en entrant (…). Entrer et constater que le professeur est déjà là, à attendre ses étudiants, cela m’aurait plu, à moi, lorsque j’étudiais ».
Seize chapitres, huit heures de cours de droit d’un professeur émérite et à cheval sur la morale, huit temps...